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Accueil des migrants : "Nous pouvons faire bien plus. C'est un devoir d'humanité", selon le président des évêques de France

Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, était l'invité de franceinfo dimanche. "Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, a-t-il dit à propos des migrants, mais nous sommes un des pays les plus riches du monde et nous pouvons faire bien plus".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Mgr Pontier en avril 2016. (BERTRAND GUAY / AFP)

Alors que la politique du gouvernement à l'égard des migrants continue de susciter de vives réactions, monseigneur Georges Pontier, le président de la Conférence des évêques de France, estime dans une interview accordée au journal La Provence que la France "peut et doit faire plus" pour les migrants.

Invité de franceinfo dimanche 24 décembre, il déclare ne pas se placer "dans un niveau de politique" avec cette interview, mais qu'il a tenu à souligner qu'il y a "des pays qui en font beaucoup plus parce qu'ils sont en première ligne". Tout en affirmant ne pas "accuser que l'Etat", il interpelle chaque Français : "Qu'est-ce que nous sommes prêts à faire ?"

franceinfo : La France doit-elle en faire plus en matière d'accueil des migrants ?

Georges Pontier : Je ne sais pas si elle peut ou si elle doit, mais il y a des pays qui en font beaucoup plus parce qu'ils sont en première ligne. Je ne me suis pas placé dans un niveau de politique. J'ai pris la parole pour parler de Noël. Cette fête nous ouvre à l'accueil des autres. Quand on voit le problème des migrants, il ne faut pas le voir qu'à travers nous. Actuellement, le Liban, la Jordanie, qui sont voisins de lieux de guerre, accueillent en proportion énormément plus de monde. Nous pouvons toujours faire plus. Mais il ne faut pas se mettre à accuser seulement l'Etat. Qu'est-ce que nous sommes prêts à faire ? Chaque Français ? Est-ce que nous sommes prêts à agir, à entrer dans une dynamique associative, en lien avec les organismes de l'Etat, à contribuer à faire naître les solutions humanistes ? On parle d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieillards qui sont là. Qu'est-ce qu'on fait quand on se trouve face à eux ? On les ignore ou on les accueille ?

Quand Emmanuel Macron dit que la France est un pays généreux mais qu'il ne peut pas accueillir toute la misère du monde, que répondez-vous ?

La formule est évidente, on ne va pas accueillir toute la misère du monde parce qu'elle est déjà accueillie par bien d'autres. Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, mais nous sommes un des pays les plus riches du monde et nous pouvons faire bien plus. Si on regarde au niveau européen ce que font l'Italie, la Grèce, ce que porte l'Allemagne, on voit que nous pouvons faire un peu plus. C'est un devoir d'humanité.

Il n'y a pas assez de place pour les mineurs isolés dans les centres d'hébergement. Appelez-vous les familles à ouvrir leurs portes ?

Tout à fait. C'est ce qu'il nous faut faire ensemble, l'Etat avec ses moyens et sa responsabilité, les collectivités territoriales, le tissu associatif et les familles. Nous devons inventer des solutions nouvelles face à cette grande crise qui va durer pendant quelques années. Tant que les causes du départ ne seront pas réduites, les gens en grande difficulté partiront. Cela nous remet devant une responsabilité humaine à cette époque de l'histoire, celle de l'accueil de frères humains en grande difficulté. Nous devons nous insérer pour relever ce défi ensemble.

Le pape a prôné l'accueil inconditionnel des migrants. Cela fait débat au sein de la communauté catholique.

Ce fait réveille nos peurs, nos angoisses. Il faut à la fois être accueillant et raisonnable. La raison, c'est quand on étudie la dimension mondiale des migrations. Mais quand on a des personnes en face de nous on ne peut pas les laisser coucher dans la rue, risquer le froid, leur vie. A fortiori si ce sont des mineurs, nous avons un devoir de solidarité évident.

"Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, mais nous pouvons faire bien plus" - Georges Pontier, le président de la conférence des évêques de France à franceinfo.

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