Migrants : l'exil d'un groupe de rock syrien se transforme en tournée
Depuis son départ de Syrie, le groupe de rock Khebez Dawle enchaîne concerts et interviews.
Leur histoire ressemble à celle de milliers de migrants syriens, à quelques détails près. A leur arrivée sur l'île de Lesbos (Grèce), les membres du groupe de rock Khebez Dawle ne se sont pas seulement pris en photo devant leur canot pneumatique sur la plage. Ils ont distribué des CD de leur album aux touristes.
Khebez Dawle, en français "le pain de l'Etat" subventionné par le gouvernement syrien, symbole du minimum pour vivre, ne voulait pas quitter la Syrie de cette manière. "On avait des invitations pour des festivals mais on ne pouvait pas y aller, les autorités pensaient qu'on allait rester dans leur pays, raconte Anas Maghrebi, le chanteur du groupe. Je n'avais jamais imaginé faire ça illégalement. On a été obligés."
"Nous sommes tous humains"
Leur premier contact avec la Croatie n'a pas été si simple. Après Beyrouth et Istanbul, les trois compères sont partis pour l'Europe fin août, laissant derrière eux le quatrième membre du groupe, Bachar, privé de papiers après avoir déserté l'armée syrienne.
"C'est la tournée de l'exil !"
Après la Grèce, la Macédoine, la Serbie, ils arrivent en Croatie et se font embarquer par la police. "On a discuté avec les policiers, ils ont écouté notre CD. Etre détenu dans un commissariat et faire écouter nos chansons qui parlent de prison et de liberté, c'était incroyable", sourit Anas Maghrebi.
Dimanche prochain, le célèbre groupe bosnien Dubioza Kolektiv les a invités à leur concert à Ljubljana, la capitale slovène. "C'est la tournée de l'exil", rigole Anas Maghrebi. Ils ne savent pas encore s'ils pourront passer la frontière, mais si c'est le cas, ils ne rateront pas cette "grande opportunité". "Jouer de la musique alternative syrienne devant des publics différents, c'est pour ça qu'on a fait ce voyage", explique le leader du groupe.
Objectif : Berlin
En attendant de rejoindre Berlin (Allemagne), les trois musiciens utilisent leur petite notoriété pour porter la voix des réfugiés. "Les médias en parlent comme de gens pauvres, tristes, qui veulent de la nourriture et un toit. Mais cette crise, c'est bien plus que ça. C'est une nation civilisée, cultivée, rejetée de son propre pays", rappelle l'intarissable chanteur.
Leur premier album racontait l'histoire d'un jeune homme pendant la révolution syrienne. Leur prochain disque reprendra certainement une partie de leur exode, source de "beaucoup d'inspiration". "Trop d'inspiration", soupire Anas : "Une fois qu'on sera installés, on travaillera là-dessus."
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