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États généraux des migrations : la Cimade dénonce la "politique migratoire" qui "bafoue les droits fondamentaux des personnes"

Pour le secrétaire général de la Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués), Jean-Claude Mas, la politique migratoire française se réalise "au mépris des droits fondamentaux des personnes" et "au mépris des décisions de justice".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Photo d'illustration de migrants près de la porte de La Chapelle, le 9 juin 2017. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Dans le cadre des États généraux des migrations, organisé par 470 collectifs et associations d'aide aux migrants, lancé mardi 21 novembre, la Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués) demande au gouvernement de revoir la politique française d'immigration. "Nous faisons le constat d'une politique migratoire qui ne nous convient pas, qui est régressive et qui bafoue les droits fondamentaux des personnes", a déclaré sur franceinfo Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade. Un projet de loi sur le sujet devrait d'ailleurs être dévoilé au printemps 2018 par l'État. 

franceinfo : Quels types d'actions lancez-vous aujourd'hui ?

Jean-Claude Mas : Nous lançons une démarche de réflexion et de mobilisation de la société civile pour qu'à terme, au printemps 2018, nous soyions en mesure de proposer des éléments d'une politique alternative à la politique actuellement menée et qui se recentre sur le respect des droits fondamentaux des migrants, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Vous avez l'impression de faire le travail que les pouvoirs publics ne font pas aujourd'hui ? Vous vous substituez aux pouvoirs publics ?

Non, cela ne se présente pas en ce sens-là. Nous faisons le constat d'une politique migratoire qui ne nous convient pas, qui est régressive et qui bafoue les droits fondamentaux des personnes. En réponse à cette politique qui est insatisfaisante, la société civile s'organise. L'appel que nous avions lancé au président de la République n'a eu aucune réponse sur la possibilité d'envisager, avec les pouvoirs publics, une conférence nationale. Du coup, en réponse à cette non-réponse, nous organisons nous-mêmes cette réflexion et ce processus d'États généraux des migrations.

Vous parlez d'une politique régressive. Est-ce que vous avez des exemples concrets du quotidien ?

Les exemples sont nombreux. L'État refoule à la frontière italienne des personnes migrantes sans qu'elles puissent demander l'asile alors que c'est leur droit. Il y a des mineurs isolés laissés sans protection alors qu'ils sont sur le territoire français et que c'est une obligation de l'État français de les prendre en charge. Il y a des personnes migrantes laissées dans la rue, empêchés de subvenir à leurs besoins fondamentaux. On détruit leurs biens, on les gaze pour les disperser. Les centres de rétention sont remplis avec une explosion des violations des droits. Puisque, ces dernières semaines, 40% des personnes enfermées ont été libérées par un juge qui sanctionnait des pratiques administratives illégales. Autrement dit, on a un problème d'Etat de droit et d'abus de droit, puisque pratiquement une personne sur deux est enfermée dans nos centres alors qu'elle ne devrait pas y être. Il y a un certain nombre d'exemples comme cela qui nous font dire "Stop".

Vous reprochez au gouvernement de s'en prendre aux lanceurs d'alerte, comme Cédric Herrou, qui a été condamné pour avoir accueilli des migrants ?

Effectivement, nous reprochons une poltiique qui est centrée sur une volonté d'abord de contrôle, de tri, d'éloignement et qui, pour mener à bien ces objectifs, se réalise au mépris des droits fondamentaux des personnes, au mépris des décisions de justice et aussi au prix d'un harcèlement conséquent des citoyens qui viennent en aide à ces personnes migrantes.

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