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Espagne : des images de vidéosurveillance suscitent la colère après la mort d'un Marocain dans un centre pour mineurs

Iliass Tahiri, 18 ans, est mort en 2019. La justice avait conclu à une mort "accidentelle", mais le quotidien El Pais a obtenu une vidéo qui relance l'affaire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3min
Anass Tahiri, l'un des frères d'Iliass, montre une capture d'écran de la vidéo de la mort de son frère Iliass. (JORGE GUERRERO / AFP)

La mort d'Ilias Tahiri dans un centre pour mineurs en Espagne en 2019 avait été classée comme "accidentelle". Le parquet d'Almeria à demander la réouverture de l'enquête, après la publication d'images de vidéosurveillance, début juin par le quotidien El Pais (en espagnol).

Iliass Tahiri, 18 ans, est mort le 1er juillet 2019 dans le centre de Tierras de Oria en Andalousie (sud), où il était placé depuis deux mois. Les images révélées par El Pais montrent que des employés du centre ont recouru à une méthode de "contention mécanique", alors que le jeune homme ne leur résistait pas. Consistant à attacher quelqu'un sur un lit pour qu'il ne puisse pas se blesser ni blesser autrui, cette méthode ne peut être utilisée que si la personne est agitée ou agressive.

Sur ces images, dont l'authenticité a été confirmée à l'AFP par une porte-parole de Ginso – l'entité gérant le centre –, on peut voir des employés placer rudement le jeune homme sur un lit, à plat ventre. Ils l'immobilisent ensuite à six. Un des gardes s'agenouille sur le bas du dos du garçon pour serrer une sangle autour de sa taille, avant de se rendre compte qu'il ne respire plus. "Si vous voyez la vidéo, vous ne pourrez jamais croire que c'était accidentel comme la juge l'a dit", a déclaré un frère d'Iliass, Anass Tahiri. "Cette vidéo montre comment ils l'ont tué, c'est un meurtre", accuse-t-il, alors que la famille a fait appel du classement de l'affaire.

Une "pratique courante" dans les centres pour mineurs

Ginso répond que "la nécessité et la correcte application des mesures de contention" ont été démontrées par l'enquête et que les employés ont "respecté scrupuleusement le protocole". Ce procédé reste "exceptionnel" et est pratiqué avec "le moins de force possible". L'Association andalouse des droits de l'homme (APDHA) affirme au contraire que ce type de méthode est une "pratique courante" dans les centres pour mineurs, et pas nécessairement à bon escient. Pour l'APDHA, cette vidéo montre ainsi "un usage de la force nettement disproportionné compte tenu de l'attitude d'Iliass".

Quelques jours après la diffusion de ces images, le Défenseur des droits espagnol a demandé l'interdiction de cette pratique dans les centres pour mineurs. "Une décision rapide et radicale est nécessaire pour mettre fin à l'utilisation de la contention mécanique une fois pour toutes", a estimé Francisco Fernandez Marugan, car "personne d'autre ne doit mourir en Espagne dans ces circonstances". En outre, le procureur d'Almeria a ordonné que cette pratique soit "immédiatement" suspendue dans les centres gérés par Ginso.

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