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Des tailleurs de pierre veulent sculpter les "blocs anti-migrants" installés sous un pont à Paris

L'installation de ces blocs par la mairie de Paris à l'endroit où dormaient de nombreux migrants avait suscité la polémique à la mi-février.

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des migrants tentent de dormir sous le pont de la porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, le 15 février 2017. (ALAIN JOCARD / AFP)

Des tailleurs de pierre pour venir en aide aux migrants. La situation pourrait paraître étonnante si la mairie de Paris n'avait pas décidé, à la mi-février, d'installer des blocs de roche sous le pont de la porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, empêchant quiconque de s'abriter en attendant d'être pris en charge par le centre humanitaire tout proche. De quoi alerter un collectif de tailleurs de pierre, Cœurs de Pierre et Solidaires, qui souhaite aménager cet espace et tailler ces blocs, samedi 25 février.

"C'est une situation indigne pour les migrants. On veut rappeler que les pierres doivent servir à construire des bâtiments, des ponts, mais sûrement pas à faire ça", explique à franceinfo Fred, sculpteur sur pierre parisienAprès l'émotion suscitée par l'installation de ces pierres, la mairie de Paris avait réagi : "On comprend que cela puisse choquer, mais on n'a pas chassé les gens qui dormaient là-bas. Tous ont été mis à l'abri dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce ne sont pas des rochers anti-migrants." Une explication insuffisante pour ces tailleurs de pierre solidaires.

Aménager un espace de vie

Avec d'autres professionnels, ils ont créé un collectif informel. "Nous ne sommes pas des militants, mais des citoyens attentifs. On vient en bleu de travail pour faire notre boulot", ajoute Fred.

"L'idée est de dégager un peu les blocs avec nos outils, pour recréer un espace de vie et transformer la plus grande pierre en table de partage, explique Fred. Un autre groupe devrait aussi sculpter certaines pierres, peut-être avec les noms de migrants morts en Méditerranée, pour en faire un monument commémoratif." 

"Dérisoire", mais "symbolique" 

Samedi matin, ils espèrent être au moins une dizaine, et davantage au fil de la journée, pour venir tailler ces blocs de pierre. Depuis plusieurs jours, ils sont en contact avec des associations d'aide aux migrants. "Je me rends justement sur place, lance Fred, vendredi. Notre boulot, ce sont les blocs de pierre, le reste, on voit avec les associations."

Les tailleurs de pierre se sont organisés sur les réseaux sociaux et ont reçu de nombreux messages de soutiens, affirme Fred. "Ça a créé un effet boule de neige. Alors, même si c'est dérisoire, on s'est dit que c'était l'occasion de faire quelque chose de symbolique", sourit-il.

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