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Centres de détention en Libye : "Ils nous laissaient dehors sur le sable brûlant", raconte un migrant

L'Italie convoque une conférence internationale sur les questions migratoires, jeudi, à Rome. La question de la situation en Libye, souvent décrite comme infernale par les migrants, sera mise sur la table. 

Article rédigé par Mathilde Imberty, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les migrants qui transitent par la Libye décrivent une situation infernale dans les centres de détention.  (TAHA JAWASHI / AFP)

L'Italie organise jeudi 6 juillet une conférence internationale sur les questions migratoires. Rome veut trouver une solution pérenne pour mieux gérer le flux de migrants, après un appel à l'aide lancé à la fin du mois de juin. Les pays de l'Union européenne, dont la France, les pays africains de transit des migrants et la Libye seront autour de la table. La situation en Libye est infernale, selon les migrants qui passent par des centres de détention et la poignée d'organisations qui a accès à ces endroits. 

Flashback et cauchemars d'hommes traumatisés

Les scènes vécues en Libye reviennent hanter les hommes traumatisés en flashback ou en cauchemars la nuit. Un migrant sierra-léonais a vécu pendant six mois dans l’enfer des centres de détention libyens. "Chaque fois que je pense à ce qui s'est passé en Libye, je me sens très mal, raconte-t-il. On était battus tous les jours et parfois ils nous liaient les mains. Ils nous laissaient dehors, sur le sable brûlant et ne nous donnaient qu'un petit pain par jour à manger et de l’eau salée à boire." Aujourd'hui, il est demandeur d'asile à Rome. Il se souvient du traitement différencié des migrants en Libye.

Les plus robustes étaient amenés dans d'autres endroits pour être torturés

Un migrant sierra léonais

à franceinfo

L'association Médecins pour les Droits humains recueille le récit de ces migrants dans ses locaux romains ou à bord de camions transformés en unités médicales. Les médecins assurent un suivi psychologique, nécessaire parfois durant des mois. "Les histoires deviennent de plus en plus difficiles", témoigne Abdoulaye Touré, médiateur culturel pour l'association. "Non seulement ils sont séquestrés mais on leur fait aussi subir des atrocités inimaginables. Des bandits les mettent en prison et leur demandent d'appeler leurs parents en Afrique pour qu'ils envoient de l'argent en échange de leur liberté." Selon Abdoulaye Touré, ces mêmes personnes font embarquer les migrants sur des bateaux de fortune à destination de l'Europe pour se débarasser d'eux. 

Les autorités libyennes débordées

Face à ce trafic complexe, les autorités libyennes n'ont aucune prise. "Sur le terrain, il n'y a pas vraiment d'autorité libyenne, il n'y a que des groupes", constate Roberto Aliboni, expert en politique libyenne à l'Institut des affaires internationales de Rome. Selon lui, les derniers représentants de l'État présents sur place sont aussi impliqués dans le trafic. "Par exemple, les gardes-côtes sont considérés en Europe comme pouvant contribuer à mélanger les migrations. Ce n'est pas vrai ! Il y a beaucoup de gardes-côtes qui sont des criminels et récupèrent de l'argent avec ce trafic."

Le plan présenté par la Commission européenne prévoit de verser 46 millions d’euros aux autorités libyennes pour limiter les flux de migrants et coordonner les sauvetages en mer. Étant donné le chaos sur place, les observateurs doutent de la capacité de la Libye à se saisir sérieusement de la question et à faire respecter les droits humains. Ce plan est discuté jeudi 6 juillet à Tallin en Estonie lors de la réunion informelle des ministres de l'Intérieur de l'Union. 

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