"C’est d’un cynisme absolu" : Macron accuse l’ONG Lifeline de faire "le jeu des passeurs", les parlementaires divisés
Le président français a accusé l'ONG Lifeline, qui a refusé de ramener les 233 migrants à bord de son navire de secours aux gardes-côtes libyens, de "faire le jeu des passeurs". À l'Assemblée nationale, des parlementaires dénoncent mercredi le cynisme du président, tandis que d'autres saluent sa mise en garde.
Emmanuel Macron a accusé mercredi 27 juin l'ONG Lifeline, qui a refusé de ramener les 233 migrants à bord de son navire de secours aux garde-côtes libyens, de "faire le jeu des passeurs". Une critique qui rejoint en partie celles du ministre de l'Intérieur italien d'extrême-droite Matteo Salvini qui accuse les ONG d'être complices consciemment ou inconsciemment des trafiquants.
"Il faudrait les laisser se noyer ?"
Si les critiques du président de la République à l’égard des ONG font sourire avec ironie les élus du Rassemblement national, alliés de Matteo Salvini, en Italie, elles indignent les Insoumis d’Éric Coquerel, député en Seine-Saint-Denis. "C’est d’un cynisme absolu, dénonce le parlementaire. Cela veut dire que les bateaux qui sont en Méditerranée pour aider les naufragés les inciteraient à passer de l’autre côté de la Méditerranée." "Cela veut dire quoi, qu’il faudrait les laisser se noyer sur leurs youyous, s’interroge Éric Coquerel. Encore une fois, ce n’est pas à l’honneur du président de la République."
Chez les Républicains Guillaume Peltier dénonce le "en même temps" du président. "C’est l’ambiguïté donc cela ne marche pas, déplore le parlementaire. Monsieur Macron veut accueillir le bateau mais dénonce l’ONG. Cela ne sert à rien quand on est président de la République de commenter ou d’analyser. Qu’Emmanuel Macron demande aux forces armées françaises en lien avec l’Union européenne de frapper fort les filières de passeurs et de mafias."
"Complices involontaires"?
Pour Richard Ferrand président du groupe majoritaire, la mise en garde d’Emmanuel Macron est au contraire salutaire : "L’espace est très étroit entre le désir d’apporter de l’aide humanitaire et de, parfois, dans certaines circonstances, de devenir les sortes d’alliés objectifs de ceux qui font ce trafic derrière." Selon lui, le président de la République a eu raison d’attirer l’attention sur le fait "qu’on peut parfois être les complices involontaires de ceux qui font un trafic d’êtres humains". Cette question des migrations sera au cœur des discussions du conseil européen qui débute jeudi.
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