Accusée de faire "le jeu des passeurs", Lifeline se dit "très déçue" par les propos d'Emmanuel Macron
L'ONG à qui appartient le bateau Lifeline a fustigé mercredi les propos d'Emmanuel Macron. Le chef de l'État avait accusé l'association de ne pas avoir respecté les règles internationales.
L'ONG Mission-Lifeline, qui attendait mercredi 27 juin au matin l'autorisation d'accoster à Malte avec 230 migrants à bord, se dit sur franceinfo "très déçue" par les propos d'Emmanuel Macron. Le chef de l'État a accusé l'association d'avoir agi "en contravention de toutes les règles et des garde-côtes libyens" et de faire "le jeu des passeurs". "Les gens fuient toujours, qu'il y ait des ONG ou non", a répondu sa porte-parole Marie Naass.
"Cela nous a beaucoup déçus, parce que jusqu'à maintenant, nous avions considéré monsieur Macron comme quelqu'un qui respecte le droit international et humanitaire. Il a aussi dit que nous n'avions pas respecté des consignes, c'est faux aussi", a expliqué Marie Naass.
Les accusations de monsieur Macron ne sont pas fondées.
Marie Naassà franceinfo
"Il y a des études qui montrent que la fréquence à laquelle des personnes quittent l'Afrique ne dépend pas du nombre de navires dans le secteur. Il faut aussi dire clairement que les organisations de sauvetage en mer subissent souvent ce reproche, mais pas les dispositifs européens Frontex ou Sophia, alors qu'ils ont aussi des bateaux en Méditerranée et vont sauver les personnes en difficulté."
"Ce qu'il faut clairement dire, c'est que si nous voulons lutter contre les passeurs, et je pense que nous le voulons tous, nous devons mettre en place des voies aériennes légales. C'est la seule façon de tuer leur commerce", a poursuivi la porte-parole de l'ONG.
Des conditions à bord qui se détériorent
Marie Naass a décrit les conditions à bord mercredi matin comme difficiles : "La météo a empiré, les vagues sont très hautes, et l'état de santé général des personnes à bord a régressé", a-t-elle expliqué, confirmant que trois passagers ont été transférés à l'hôpital de bord.
"Le problème, dans l'ensemble, est que personne ne discute avec notre organisation, toutes les informations nous parviennent par la presse, mais personne ne s'adresse directement à nous et c'est un problème", a regretté la porte-parole.
Une dimension politique en vue du sommet européen
Interrogée sur un éventuel enjeu politique qui dépasserait l'ONG, Marie Naass a abondé dans ce sens : "Totalement. Nous avons vraiment l'impression qu'on est en train de faire un exemple du Lifeline. Il y a une tension, dans l'ensemble, en Europe, sur la question des migrants, notamment avant le sommet européen à Bruxelles jeudi. C'est un exemple de la façon de faire avec des vies humaines, le Lifeline est un bon exemple pour ça."
Les 230 migrants ont été secourus dans les eaux internationales, selon la porte-parole de l'ONG : "Nous avons vu les bateaux en détresse sur les radars et étions le seul navire dans le secteur qui était totalement équipé pour un sauvetage dans des conditions sûres."
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