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Accueil de réfugiés à Paris : "Il ne s'agit pas de créer de la concurrence entre les pauvres"

L'ouverture de centres d'accueil pour faire face à l'arrivée de réfugiés agace certaines associations d'aide aux sans-abri, mais la mairie assure que toutes les populations précaires bénéficieront de l'effort fourni par la municipalité.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La maire de Paris, Anne Hidalgo, rencontre des réfugiés syriens lors de la visite d'un centre d'accueil dans le 13e arrondissement de Paris, le 11 septembre 2015. (THOMAS SAMSON / AFP)

La maire de Paris a décidé de monter en première ligne. Pour participer à l'effort d'accueil des nouveaux réfugiés venus notamment d'Allemagne, Anne Hidalgo a annoncé, jeudi 10 septembre, l'ouverture de sept centres d'hébergement supplémentaires, soit 460 places qui viennent s'ajouter aux 1 450 créées depuis début juin. Des bâtiments publics vacants ont notamment été réquisitionnés, et certains centres ont vu leurs capacités élargies. Une mobilisation saluée par l'ensemble du monde associatif.

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Mais certains s'étonnent de ces capacités nouvelles, alors que le dispositif d'hébergement d'urgence d'Ile-de-France répond souvent aux sans-abri que les centres sont saturés. Christophe Louis, directeur de l'association Les Enfants du Canal, s'en est ému vendredi sur Twitter puis sur RTL : "Si on a une politique d'ouverture, on accueille tout le monde dignement, estime-t-il. On n'appelle pas seulement à la solidarité envers les réfugiés."

Même réaction d'étonnement chez Jean-Baptiste Eyraud, fondateur de l'association Droit au logement, sur TF1 : "Il faut penser à tous ceux qui sont dans les rues de Paris aujourd'hui, comme ceux qui ont été expulsés de leurs logements."

Les centres accueilleront tous les publics, selon la mairie

Le sujet est délicat pour le monde associatif, car la suspicion d'une priorité donnée aux réfugiés par rapport aux SDF est un argument fréquemment repris par l'extrême droite. Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, interrogé par francetv info, s'élève contre ce débat : "Devant la gravité de la situation, cette opposition entre les nouveaux réfugiés, les migrants qui sont là depuis longtemps et les sans-abri, c'est très mal venu. On a besoin de concertation, pas d'opposition. Ces nouveaux centres sont une bonne nouvelle, maintenant il faut une mobilisation générale de tous les acteurs."

La mairie de Paris affirme s'inscrire dans cette même réponse globale. "Il ne s'agit pas de créer de la concurrence entre les pauvres, il faut sortir de cette opposition malsaine entre SDF et réfugiés, rétorque Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris chargé du Logement, à francetv info. Et pour ne pas faire enfler ce débat malsain, il faut augmenter globalement la capacité d'hébergement. Les centres que nous ouvrons sont des 'CHU', des centres d'hébergement d'urgence, ils sont généralistes." D'après la mairie de Paris, ces sept nouveaux centres seront donc accessibles à tous les publics précaires, réfugiés, migrants et SDF, et seront donc notamment inclus dans le dispositif lié aux appels au 115.

"Cela fait des mois que la mairie travaille sur la question"

Interrogé sur l'ouverture soudaine de ces centres, dans la foulée de l'annonce de l'accueil de nouveaux migrants par l'exécutif, l'adjoint d'Anne Hidalgo réfute toute précipitation opportuniste : "Cela fait des mois que la ville de Paris travaille sur la question du logement d'urgence, que nous listons l'ensemble des bailleurs qui peuvent se prêter à l'accueil de personnes précaires, que nous faisons faire des travaux pour que ces bâtiments puissent accueillir des gens. Paris a anticipé les choses, ce qui nous permet aujourd'hui de ne pas être pris au dépourvu."

Après avoir précisé que les structures qui géreront ces centres seront financées par l'Etat, et non par la ville de Paris, Ian Brossat assure que la municipalité va poursuivre son effort de création de places d'hébergement d'urgence. Des "solutions" vont notamment être "proposées très rapidement" pour loger les migrants regroupés dans des camps de fortune, comme ceux du 18e arrondissement et du quai d'Austerlitz, dans le 13e.

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