: Vidéo "Ceux qui ont fait ça parlent la même langue que nous, c'est inimaginable" : après le massacre de Boutcha, l'identification des victimes
A Boutcha, après le départ des troupes russes, le monde découvrait des images insoutenables, qui font l'objet d'une enquête pour crimes de guerre : notamment celles de la rue Yablonska jonchée de corps de civils. Dans cette petite ville proche de Kiev, les découvertes macabres ne sont pas terminées, et il faut désormais identifier les victimes. Un extrait d'"Envoyé spécial" du 14 avril 2022.
A 30 kilomètres à l'ouest de Kiev, Boutcha était une commune tranquille de 37 000 habitants. Ses nouveaux quartiers tentaient d'attirer les classes moyennes et aisées. Après un mois de bombardements russes, dans la ville en grande partie détruite, au moins trois cents victimes ont été dénombrées. Mais les découvertes macabres ne sont pas terminées. Des dizaines de cadavres sont retrouvés chaque jour, tels des restes calcinés dans le sous-sol d'une maison touchée par un obus. L'urgence, désormais, c'est de les identifier.
Serhii Kaplychny, le chef des services funéraires, a été chargé de récupérer ces dépouilles que les soldats russes interdisaient d'approcher. Au cimetière, où l'a rejoint une équipe d'"Envoyé spécial", les sacs mortuaires arrivent sans discontinuer. Ce jour-là, ils renferment les corps de cinquante-trois hommes, quatre femmes, et un adolescent. Parmi eux, celui d'un homme à bicyclette abattu dans la rue Yablonska – une image qui a choqué le monde entier. Comme lui, beaucoup ont été tués par balle.
"Un peu plus loin, sur une route, un blindé a mitraillé trois voitures. Dans la première, il y avait un papy et une mamie. Dans une autre, une mère avec son fils de 14 ans. C'était un sportif. Il avait ses médailles, ses cahiers d'école avec lui."
Serhii Kaplychny, chef des services funéraires de Boutchadans "Envoyé spécial"
Aidé de ses équipes et de policiers, Serhii Kaplychny recherche des papiers qui permettraient de redonner leur nom aux victimes. Certains les avaient sur eux ; d'autres, dans cette petite ville, font partie de ses connaissances. "Je ne comprends pas qu'on puisse faire des choses pareilles. Pourquoi ? souffle-t-il. Ces gens qui ont fait ça parlent la même langue que nous, ou en tout cas, une langue que l'on comprend, et on les considérait comme un peuple ami, il y a encore peu. C'est inimaginable."
Extrait de "Dans l'enfer de Boutcha", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 14 avril 2022.
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