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L'opposant ukrainien torturé assigné à résidence

Dmytro Boulatov, 35 ans, est apparu à la télévision le visage en sang. Il présentait aussi des blessures sur les mains.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le militant ukrainien Dmytro Boulatov, vendredi 31 janvier, au micro de la télévision privée Channel 5. (CHANNEL 5 / AFP)

Sitôt libéré, sitôt assigné. Le militant d'opposition ukrainien Dmytro Boulatov, qui avait été enlevé le 22 janvier et torturé pendant une semaine, va être assigné à résidence. Le ministère de l'Intérieur ukrainien a expliqué que Boulatov était recherché depuis le 24 janvier comme "suspect de l'organisation de troubles massifs" ce qui prévoyait son placement en détention provisoire. Mais compte tenu de son état de santé, le juge d'instruction a demandé au tribunal de l'assigner à résidence.

Plus tôt dans la journée, ce militant très actif contre le président Viktor Ianoukovitchavait livré à la télévisions le détails de son expérience. Un témoignage qui a relancé les inquiétudes sur le sort d'opposants disparus, dans ce pays secoué par une grave crise politique.

"Ils m'ont coupé une oreille et tailladé le visage"

"Ils m'ont crucifié, m'ont coupé une oreille et tailladé le visage, ils m'ont roué de coups sur tout le corps. Mais, Dieu merci, je suis vivant", a déclaré Boulatov sur les chaînes privées Kanal 5 et 1+1. On distingue sur les images télévisées du sang coagulé sur son visage, des blessures sur ses mains et des vêtements imprégnés de sang.

Ce père de trois enfants âgé de 35 ans, porté disparu le 22 janvier, a raconté avoir été abandonné jeudi soir dans une forêt de la banlieue de Kiev après avoir été retenu et torturé par des inconnus. Il a réussi à rejoindre un village d'où il a appelé au secours.

Malgré les images, le ministère de l'Intérieur ukrainien a émis des doutes sur le témoignage de Boulatov. S'il a ouvert vendredi une enquête contre X pour enlèvement, il a également affirmé ne pas exclure "la mise en scène de l'enlèvement (...) afin de provoquer une réaction négative dans la société".

L'Europe "consternée", l'opposition inquiète

La Maison Blanche s'est déclarée "atterrée" par la "torture" de Boulatov. De son côté, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton s'est dite "consternée" par les signes évidents de torture infligée de façon prolongée au militant. Elle a lié cette affaire à celle du militant Iouri Verbitski, dont le corps, portant des marques de tortures, avait été retrouvé dans une forêt dans le même secteur de la banlieue de Kiev le 22 janvier, parlant de "deux cas de ciblage délibéré".

Dmytro Boulatov est en effet l'un des leaders d'Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'Etat près de Kiev. Boulatov et deux autres militants du mouvement figurent sur une liste de personnes recherchées par la police pour organisation de troubles massifs.

L'un des chefs de l'opposition, Vitali Klitschko, qui a rendu visite à l'hôpital à Dmytro Boulatov, a dénoncé un "acte d'intimidation" à l'égard des opposants les plus actifs au régime. A ce jour, 33 personnes ayant pris part aux manifestations contre le pouvoir sont portées disparues, selon l'ONG SOS Euromaïdan qui répertorie ces cas. Il est toutefois difficile de vérifier ce chiffre.

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