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Ukraine : l'attaque russe sur la centrale nucléaire de Zaporijia est "extrêmement grave, invraisemblable", réagit le directeur du laboratoire de la Criirad

L'armée russe a pris le contrôle dans la nuit de jeudi à vendredi de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, située sur le fleuve Dniepr, dans le sud du pays, après l'avoir bombardée.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration radioactivité. (JOHANNES EISELE / AFP)

"À partir du moment où la centrale est au cœur d'un conflit armé avec des bombardements on peut très bien arriver à un scénario absolument catastrophique", a alerté sur franceinfo l'ingénieur en physique nucléaire Bruno Chareyron, à propos des tirs sur la centrale de Zaporijia dans la nuit du 3 au 4 mars par l'armée russe.

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"Sans faire d'alarmisme, il faut dire que cette situation est potentiellement extrêmement grave, invraisemblable", a souligné le responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad).

franceinfo : La centrale nucléaire présente-t-elle un risque ?

Bruno Chareyron : Il n'y a pas d'augmentation de la radioactivité autour, selon ce que disent les autorités de sûreté nucléaire ukrainienne et c'est une très bonne nouvelle, mais nous ne pouvons plus le vérifier à distance puisque nous n'avons plus accès, depuis ce matin, au réseau de mesure officiel en direct de la radioactivité autour de la centrale.

"La situation est évidemment très préoccupante parce qu'il y a six réacteurs nucléaires sur ce site et qu'il faut garantir en permanence le refroidissement des cœurs des réacteurs et des combustibles irradiés qui sont dans les piscines de désactivation."

Bruno Chareyron, Criirad

à franceinfo

Pour cela, il faut du personnel en permanence sur le site, l'accès à un système électrique, à des diesels de secours alimentés en carburant, à l'eau de refroidissement. A partir du moment où la centrale est au cœur d'un conflit armé avec des bombardements on peut très bien arriver à un scénario absolument catastrophique.

Les dégâts pourraient-ils être pires qu'à Tchernobyl ?

On peut tout à fait imaginer, dans le contexte particulier de la guerre, un scénario qui conduirait à des rejets radioactifs plus importants que ceux que l'on a pu connaître jusqu'à présent. Sans faire d'alarmisme, il faut dire que cette situation est potentiellement extrêmement grave, invraisemblable. Ce qui se passe est totalement irresponsable et on espère tous que ce conflit va cesser. Il fait courir des risques nucléaires à l'échelle de l'Ukraine et à l'échelle de l'Europe. Donc cette situation doit être mise sous contrôle le plus rapidement possible.

Il y a quatre centrales nucléaires en Ukraine. Est-ce qu'on les connaît et est-ce qu'on connaît leur fonctionnement ?

On n'est pas sur place, on n'a pas accès à tous les rapports de sûreté, à toutes les données. Sur la centrale de Zaporijia, il y a eu pas mal de soucis ces dernières années concernant la sûreté, des défauts de fonctionnement ou de fiabilité des diesels de secours.

Les centrales nucléaires présentent un certain nombre de doutes quant à leur sûreté et on comprend très bien qu'en situation de guerre c'est compliqué pour le personnel d'accéder à leur site, de faire leur travail dans de bonnes conditions, de disposer de pièces de rechange.

Des réacteurs sont en train d'être mis à l'arrêt. La mise en refroidissement est lancée, cela présente des risques particuliers. Même lorsque les six réacteurs seront mis à l'arrêt, il faudra continuer à refroidir encore pendant des mois les réacteurs, leurs combustibles. C'est vital que cette fonction de refroidissement soit garantie.

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