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Témoignages Guerre en Ukraine : "Ils l'ont mis vivant dans un cercueil", racontent les habitants de Druzhnya après l'occupation russe

Dans cette ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kiev, les habitants ont vécu sous occupation russe pendant un mois et cinq jours, subissant violences et humiliations au quotidien. Ils racontent sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Faustine Calmel et Jérémy Tuil, édité par Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les habitants de Druzhnya ont vécu sous occupation russe pendant un mois et cinq jours, subissant violences et humiliations au quotidien, comme ici dans la maison de Nadiatcha. (JEREMY TUIL / RADIO FRANCE)

Combien d'exactions commises en Ukraine ? La ville de Boutcha au nord-ouest de Kiev est devenue le symbole de ces crimes de guerre : les corps gisants dans les rues, les femmes violées, les fosses communes. Mais la ville n'est sans doute pas une exception : à Irpin, à Borodyanka ou encore Druzhnya, les habitants rapportent des scènes terrifiantes.

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Dans cette dernière ville, située à une cinquantaine de kilomètres de Kiev, ceux qui n'ont pas fui les combats ont vécu sous occupation russe pendant un mois et cinq jours, subissant violences et humiliations au quotidien. 

Malgré ses yeux bleus qui n'ont rien perdu de leur éclat, Anatole, 23 ans, a subi des violences dont témoigne encore sa main bandée. "Voilà comment j’ai été interrogé : ils m’ont sorti dans ma cour, ils m’ont mis à genoux, ils m’ont demandé de mettre les mains en l’air, et ils ont tiré dans ma main droite. Ensuite, ils m’ont mis un sac noir sur la tête, l’ont attaché avec du scotch, ils ont entravé mes mains et m'ont mis sur un blindé pour m'emmener vers leur base. Maintenant, j’ai peur à n’importe quel bruit, je vis toujours sous la pression de l’occupation", décrit-il.

Anatole, 23 ans, a subi des violences à Druzhnya : arrêté par des soldats russes, il a été interrogé et ont tiré dans sa main droite, aujourd'hui bandée. (JEREMY TUIL / RADIO FRANCE)

"Les Russes l'ont mis dans un cercueil"

Une voisine raconte que tous les jeunes gens ont été déshabillés, et forcés à s'allonger dans la terre froide et à y rester cinq heures durant, sans lever le visage, sous peine d'être battus. Le fils de Nadiatcha a lui été soumis à une macabre mise en scène."Il ne m’a pas raconté beaucoup, mais que oui les Russes l’avaient mis dans le cercueil. Comme ils avaient fermé, l’air lui manquait et il a commencé à taper sur le couvercle. C’est là, à côté de l’église, il y a la cabane des services rituels et là, il y avait des cercueils à l’intérieur. Il a répondu qu’il ne savait rien. Ils l’ont frappé, mais il ne savait rien", confie-t-elle. Il faut comprendre, ici, aucune information sur le ou les individus qui auraient donné des éléments tactiques à l'armée ukrainienne, car c'est bien ce que cherchaient les soldats russes, en fouillant dans les téléphones, ensuite piétinés, que Lahissa tient à nous montrer. Elle a vu son fils et son mari mis en joue et soupçonne l'utilisation de substances chimiques.

"Nous ne sommes pas des experts, mais nous avons conclu que les Russes ont utilisé quelque chose d’interdit sur nous."

Lahissa

à franceinfo

"Je ne suis pas spécialiste mais je peux prouver qu’ils ont utilisé quelque chose d’interdit parce que nous avions tous les lèvres sèches. La peau de nos bras et de nos mains s’est fissurée. Les hommes chauves avaient des brûlures et des boutons sur le crâne, et aussi des plaies purulentes sur les oreilles", accuse-t-elle.

Selon Lahissa, une habitante de Druzhnya, les soldats russes, qui étaient à la recherche d'informations, ont piétiné les téléphones portables de certains habitants. (JEREMY TUIL / RADIO FRANCE)

Devant la maison de Lahissa, la route porte encore les marques des chenilles des chars russes. Elles se poursuivent jusqu'à la forêt où de nombreux hommes ont été emmenés. Six n'en sont pas revenus, assure Anatole.

Guerre en Ukraine : les habitants de Druzhnya racontent l'occupation russe. Reportage de Faustine Calmel et Jérémy Tuil

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