: Témoignage Guerre en Ukraine : le combat des mères et épouses de soldats russes pour obtenir des nouvelles de leurs proches
Le travail d'Olga Tsukanova et de ses collègues s'apparente à une quête dans le vide. Les courriers adressés par le Conseil des mères et des épouses de soldats au FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie) pour tenter d'avoir des nouvelles de leurs maris ou de leurs enfants restent lettres mortes, les demandes d'échanges de prisonniers sont purement et simplement ignorées par l'administration. Alors devant ce mépris, elles lancent parfois leurs propres enquêtes.
"Le plus souvent, nous cherchons nous-mêmes des vidéos sur internet. Beaucoup d'entre nous ont reconnu leurs proches sur des vidéos. Une femme m'a aussi envoyé une vidéo dans laquelle elle a trouvé son fils, mort, raconte Olga Tsukanova. D'autres ont reconnu leurs maris parmi les prisonniers".
"Certaines vont même seules dans les morgues pour essayer de trouver un proche, ou alors elles demandent à ceux qui sont revenus de captivité."
Olga Tsukanova, à la tête du Conseil des mères et des épouses de soldatsà franceinfo
Lorsque des mères de militaires envoyés se battre en Ukraine sont reçues au Kremlin, son collectif n'est pas convié. Celles qui ont pu rencontrer Vladimir Poutine ont été triées sur le volet, une autre preuve de la volonté du Kremlin de les décourager. "Tout cela est calculé, affirme Olga Tsukanova. Ils s'imaginent que nos actions, que notre combat pour protéger la vie de nos proches va s'arrêter du jour au lendemain. Mais leur stratégie ne fonctionnera pas. Ils oublient que ce dont nous parlons ici c'est ce qui fait l'essence de la femme, je veux parler du fait d'être une maman."
Olga Tsukanova, (Russia's Council of Mothers and Wives), has accused Putin of excluding the organisation from Friday's meeting. She demands that Putin should meet with "real mothers" of those who serve in the country's army as opposed to the women "hand-picked" by authorities. pic.twitter.com/bj1ySLSg9k
— Yasmina (@yasminalombaert) November 25, 2022
Rien ne la freine dans son action, pas même les 14 heures de route qui séparent sa ville, Samara, de Moscou. Récemment, elle souhaitait se rendre dans la capitale pour mener une action de sensibilisation mais les autorités ne l’ont pas laissé faire. " Ils ont arrêté notre voiture, nous étions trois femmes. Puis ils ont commencé à chercher de la drogue à l'intérieur. Ensuite, ils nous ont emmenées au poste de police sans explication", raconte-t-elle.
"Ils nous ont gardées au poste de police jusqu'au soir. Et la journaliste qui nous accompagnait a été accusée ‘d'extrémisme‘, en rapport avec les articles qu’elle écrivait sur nous. Et elle a eu droit à un procès dès le lendemain."
Olga Tsukanovaà franceinfo
"Mais nous, on nous a clairement dit qu'ils ne savaient pas pourquoi ils nous avaient gardées là-bas", poursuit Olga Tsukanova. Des manœuvres qui assure-t-elle, ne suffisent pas à la démoraliser, elle et ses collègues. "Les femmes ne s'arrêteront pas là", prévient-elle.
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