Sanctions contre la Russie : Moscou reconnaît deux versements bloqués, mais dément être en défaut de paiement
Deux virements russes ne sont pas parvenus aux créanciers pour la première fois depuis l'entrée en vigueur des sanctions internationales sur les systèmes de paiement. "Une farce", dénonce Moscou.
La Russie se dirige-t-elle vers un défaut de paiement ? Lundi 27 juin, le Kremlin a admis que deux versements n'étaient pas parvenus à des créanciers avant la date limite de la veille, en raison des sanctions internationales visant le pays. "La non-obtention de l'argent par les investisseurs n'est pas le résultat d'une absence de paiement, mais est causée par l'action de tierces parties, ce qui n'est pas directement considéré (...) comme un cas de défaut", a insisté lundi le ministère russe des Finances dans un communiqué.
En raison des sanctions, le pays ne peut plus effectuer de versements en devises occidentales pour rembourser les intérêts et sa dette extérieure libellés en dollar ou en euros. Ces deux versements sont les derniers que Moscou a essayé d'effectuer en devises étrangères. Depuis fin mai, la Russie dit rembourser en roubles sa dette en dollar ou en euro, ce qui l'expose également à un défaut. Cette année, le pays devrait probablement rater toutes les échéances liées à sa dette extérieure, et portant sur des centaines de millions de dollars.
Artificiel et arbitraire, selon Moscou
Moscou insiste donc sur le caractère technique, et non financier, de ces difficultés. "Les systèmes internationaux de paiements et de compensations ont obtenu les fonds dans les temps et en totalité et avaient les moyens légaux et financiers de transférer les fonds en question aux destinataires", a dénoncé le ministère russe des Finances. Et Dmitri Peskov, le porte-parole du président Vladimir Poutine, a jugé "illégitimes" les affirmations d'agences de presse financières qui avaient déclaré la Russie en défaut.
Depuis que les trois grandes agences de notation financières internationales ne notent plus la Russie, il revient à une organisation réunissant de grandes banques internationales (Credit Derivatives Determinations Committees) d'évaluer si oui ou non la Russie rate des paiements à ses créanciers.
En 1998, près de deux ans avant l'arrivée au Kremlin de Vladimir Poutine, la Russie avait été contrainte de renoncer à des échéances de paiement sur sa dette nationale et à un moratoire sur sa dette étrangère, une humiliation. Le pays avait dû attendre douze ans pour pouvoir emprunter de nouveau sur les marchés internationaux. Le dernier défaut de paiement de la Russie sur sa dette extérieure remonte à 1918, après la décision de Lénine de ne pas s'acquitter des dettes du régime tsariste.
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