Reportage "Jusqu'à ce qu'ils meurent, c'est ça ?" : en Ukraine, les familles des soldats s'inquiètent de la prolongation de leur mobilisation

C’est le sujet qui angoisse les Ukrainiens ces dernières semaines : comment l’armée parviendra-t-elle à mobiliser les 500 000 personnes supplémentaires nécessaires pour tenir face à la Russie ? Le Parlement a voté, mercredi 7 février, en première lecture un projet de loi controversé. Il donne les premières orientations. L’âge de la mobilisation passe de 27 à 25 ans. Ceux qui se battent depuis le début de la guerre espéraient être enfin libérés ; c’est la douche froide.

Inna a la trentaine. Elle a manifesté durant des semaines pour que son mari puisse enfin être démobilisé. Comme tous ceux qui se battent depuis le début de la guerre, il est épuisé physiquement et psychologiquement. Inna a vu ses espoirs douchés : il ne rentrera pas à la maison. Selon ce projet de loi, tous ces hommes devront tenir encore un an de plus minimum : "Combien de temps doivent-ils rester ? Jusqu’à ce qu’ils meurent, c’est ça ? C’est de la destruction provoquée par le gouvernement lui-même !"

Inna en veut aux autorités. Elle en veut aussi à ceux qui versent des pots-de-vin pour échapper à l’armée et regarde tristement son fils de 8 ans : "Une fois, il m’a dit, et cela m’a choquée : 'Maman, pourquoi n'avons-nous rien fait pour empêcher papa d'aller là-bas ?' Qu’est-ce qu’on peut bien répondre à cela ?" Elle conclut : "Si son père doit se battre encore une année, peut-être qu’ils ne se reverront jamais." Cette loi doit encore passer en deuxième lecture au Parlement. Des changements pourraient y être apportés. Mais Inna a cessé d’espérer.