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Reportage Guerre en Ukraine : leurs champs minés, les agriculteurs ukrainiens redoutent une deuxième année sans récolte

Après avoir été chassés de leurs terres par les forces russes l'année dernière, les paysans ont retrouvé leurs champs infestés de mines. L'association céréalière ukrainienne redoute des moissons catastrophiques. Reportage près de Kherson.
Article rédigé par franceinfo - Maureen Mercier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Un agriculteur sème des graines d'avoine dans un champ près de Kiev (Ukraine), en avril 2022. (GENYA SAVILOV / AFP)

Vitaly observe ses champs, qui s'étendent à perte de vue. Ils sont inexploitables malgré le départ des forces russes. "Ça, c'est notre nouvelle machine pour semer les grains et on n'a même pas pu l'utiliser", soupire-t-il. L’armée de Vladimir Poutine s’était installée sur ses terres, dans la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine.

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L'agriculteur, âgé de 70 ans, nous présente ses excuses : pour calmer son stress, il enchaîne les cigarettes. "Durant l’occupation russe, ils ont placé leurs armements dans nos champs. Il y avait des lance-roquettes, des tanks, etc. Nous ne pouvions plus accéder à nos champs", raconte Vitaly.

"On vivait bien avant même si on travaillait comme des fous"

La guerre a déjà fait beaucoup de mal au secteur agricole l'année dernière en Ukraine, acteur majeur du commerce mondial de produits alimentaires. Et ce sera pire encore pour les récoltes de 2023, prévient l'association céréalière ukrainienne. Même si les Russes ont été chassés, les champs de Vitaly sont aujourd’hui infestés de mines. "Je ne pourrai rien récolter non plus cette année. Nous n’avons pas perdu une année, mais deux. Combien de familles vont perdre ainsi leur ferme ? Vous imaginez ?"

"On ne peut plus entretenir nos champs parce qu'il y a des mines et des obus. Comment tenir une année de plus sans pouvoir récolter ?"

Vitaly, céréalier dans la région de Kherson

à franceinfo

"Le plus dur", explique Vitaly, est que son fils – avec lequel il exploite la ferme - a fui clandestinement durant l’occupation. Le jeune homme et son épouse attendaient leur premier enfant et étaient persuadés que les Russes seraient là pour longtemps. Les hommes ayant l’interdiction de quitter l’Ukraine dans le cadre de la mobilisation générale, le fils de Vitaly est considéré comme un déserteur. Partir, c’est ne pas revenir.     

"On vivait bien avant même si on travaillait comme des fous", regrette l'agriculteur. Son fils et sa famille sont en France désormais. Vitaly est seul pour tenir la ferme, pour tenter de relancer un domaine agricole ravagé par la guerre.

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