Cet article date de plus de deux ans.

Reportage Guerre en Ukraine : l'afflux à Zaporijjia des habitants des zones sous occupation russe

Ils sont près d'un millier chaque jour à arriver à Zaporijjia, porte d’entrée vers l’Ukraine pour ceux qui habitent dans les zones occupées par les Russes. Si certains viennent s'y installer définitivement, d'autres ne sont que de passage, pour faire des achats ou se soigner. 

Article rédigé par franceinfo - Thibault Lefèvre et Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des habitants de Marioupol, en Ukraine, qui attendent de monter dans un mini-bus pour aller à Zaporijjia.  (THIBAULT LEFEVRE / RADIO FRANCE)

230 kilomètres, cloîtrée dans un mini-bus bondé, qui n'avance presque pas. Après trois nuits passées dans les embouteillages, dans un flot ininterrompu de véhicules arrêtés plusieurs heures à chaque point de passage russe puis ukrainien, Jana est enfin arrivée à Zaporijjia. "C'est très dur, c'est très long. Il fait chaud, souffle la femme originaire de Marioupol. Et la route est en très mauvais état." 

La majorité des habitants de Marioupol et sa région affluent à Zaporijjia, la porte d'entrée vers l'Ukraine pour ceux qui résident côté russe. Certains fuient définitivement la zone, d'autres sont simplement de passage du côté ukrainien, pour acheter des biens inaccessibles chez eux ou se soigner. Ils sont près d'un millier chaque jour à débarquer dans cette ville du sud de l'Ukraine.

80% des traversées sont définitives

Jana a laissé derrière elle ses trois enfants, sa maison et ses chèvres. Pour elle, pas question de fuir la zone russe ou refaire sa vie. Elle compte revenir à Marioupol d'ici trois à quatre semaines. "J’ai eu une pneumonie donc je viens pour faire des analyses médicales et quelques courses. De l'autre côté, la médecine n’est pas bonne et je n’ai pas confiance dans les laboratoires d’analyse, explique la mère de famille. Nous sommes restés à Marioupol pendant les combats, ce n’est pas maintenant que l’on va partir alors que la situation est plus calme. Toute ma famille est là-bas. Où voulez-vous que j’aille ? Puis l’école en russe est plus simple pour mes enfants... Avant, en Ukraine, ils insistaient pour que l'on apprenne l’ukrainien et je n’aimais pas ça. Nous avons été 'ukrainisés'."

"J’ai un passeport ukrainien mais, ici, on parle tous russe. Comment voulez-vous que je choisisse ? Je suis slave, c’est comme ça."

Jana, habitante de Marioupol de passage à Zaporijjia

à franceinfo

Contrairement à Jana, 80% des traversées vers Zaporijjia sont définitives. Souvent, les exilés ont attendu l'été pour tout abandonner. Ils ont préféré prendre le temps de s'organiser et recommencer leur vie du côté ukrainien. 

Les 20% restants finissent par revenir. "La plupart des gens retournent là-bas pour aller chercher leur famille, développe Denis Kniche, coordinateur du dernier centre d'accueil de Zaporijjia. Il y a aussi des gens, mais c’était plutôt au début, qui y vont pour partir plus facilement en Europe via la Russie. Ce sont surtout des hommes en âge d’être mobilisés et qui n’ont pas le droit de sortir d’Ukraine. Puis il y a des transporteurs qui font du commerce et circulent des deux côtés."

Les autorités ukrainiennes sont très vigilantes. Pour revenir du côté russe, il faut s'incrire sur une liste puis attendre entre trois semaines et un mois, le temps des contrôles. 

De Marioupol à Zaporijjia : reportage de Thibault Lefèvre et Eric Audra

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