Les inspecteurs de l'AIEA poursuivent leur mission dans la région de Zaporijjia dans le sud de l'Ukraine où se trouve la plus grande centrale nucléaire d'Europe située en pleine zone de combats. Ces dernières heures, vendredi 3 septembre, les bombardements se sont intensifiés notamment dans la ville d'Energodar, où est implantée la centrale.>> DOCUMENT FRANCEINFO. Guerre en Ukraine : dans les coulisses de la visite sous haute tension de l'AIEA à la centrale de ZaporijjiaLes habitants d'Energodar se retrouvent par dizaines, dans ce centre d'accueil, épuisés. Ils ont jeté quelques affaires dans le coffre de leur voiture, pris leurs chats, leurs chiens. Ils ont vécu plusieurs mois sous occupation russe, à l'ombre de la centrale et de la menace d'un accident nucléaire. Mais là, ils sont à bout : il fallait partir vite et rejoindre la ville de Zaporijjia, à une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau."C'est la folie, la folie..., soupire Liudmila, 74 ans. Nous ne voulions pas partir, mais les bombardements, cette fois, étaient vraiment terribles : il y avait des explosions partout..." "La mairie a été touchée, poursuit-elle. Il y a avait des voitures brûlées dans les rues, il y avait des tirs de canons, les maisons ont volé en éclats. J'ai assisté à cela toute la journée et ensuite, on a pris nos valises." Les mains qui tremblent quand elle parle, Liudmila se souvient du bruit autour. "J'étais pétrifiée d'horreur", se souvient-elle. À la centrale nucléaire, la situation est "critique""La situation est critique, c'est un cauchemar, explique ce technicien de la centrale nucléaire, qui y travaille depuis 29 ans et souhaite garder l'anonymat. Il y a du matériel militaire partout, des éclats, des débris. Les vitres sont brisées et il y a des incendies sur le site. Seuls les réacteurs et la salle des turbines sont restés intacts : le reste détériorés." "J'ai vu les obus, les missiles, les explosions, poursuit-il. Quand tu entends le sifflement, tu te précipites au sol. Impossible de savoir d'où venaient les tirs...""Les Russes disent que ce sont les Ukrainiens, les Ukrainiens disent que ce sont les Russes. Mais il ne faut jamais croire les Russes : ce sont les envahisseurs."Un technicien de la centraleà franceinfoPourquoi s'est-il finalement décidé à partir ? "Parce que, répond-il, ils ont commencé à tirer depuis les hélicoptères, avec des mortiers, des canons. On ne pouvait plus rester sur place. Ils tirent sur les maisons et des gens sont morts. Ils tirent même sur les hôpitaux et les écoles maternelles." Là, lui et les autres s'apprêtent à prendre la route, jusqu'à Kiev. Ukraine : la fuite des habitants de Zaporijjia - Reportage de Benjamin Illy et Benjamin Thuau écouter