Reportage "C'est impossible de s'entendre avec eux" : en Ukraine, à la frontière avec la Russie, les habitants craignent une nouvelle invasion terrestre

Le village de Khotine, à seulement quelques kilomètres de la frontière, est, sans cesse, chahuté par les tirs de missile. Sur place, la crainte d'une nouvelle offensive persiste.
Article rédigé par Vanessa Descouraux, Jérémy Tuil - Yachar Fazylov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La ville de Khotine, à la frontière avec la Russie, décembre 2020. (VOLODYMYR TARASOV / UKRINFORM / MAXPPP)

Alors que l’Europe a trouvé un accord pour l’aide de 50 milliards d’euros accordée à l’Ukraine, sur le front, les chiffres continuent d’être effarants. Jeudi 1er février, dans la région de Soumy, dans le nord du pays, 216 obus sont tombés sur les villages frontaliers et notamment sur Khotine, bourgade tout proche de la frontière avec la Russie. Ici, le traumatisme de l’hiver 2022 perdure et la peur d’une nouvelle invasion terrestre reste vive.

"Ils sont imprévisibles"

Oleg n'est pas du genre à gaspiller des forces sur les trottoirs enneigés de son village : il pose son lourd sac en cuir sur une luge qu'il traîne. La Russie est à neuf kilomètres de chez lui. C'est à portée d'artillerie. Oleg ne se souvient plus de quand date sa dernière bonne nuit : "Il y a deux ans... Là, maintenant, c'est assez calme, mais ça peut arriver que parfois ça vole et ça sifflote sur la tête", prévient-il.

Sur son portable, il montre alors spontanément une vidéo : c'est dans la cour d'une maison du village que tombe une roquette Grad. Il y a quelques semaines, c'est cette fois une entreprise qui a été touchée. Mais c'est surtout la peur d'une nouvelle invasion terrestre qui angoisse Oleg. Il raconte avec précision avoir vu des centaines de chars passer par la route qu'il est en train d'emprunter : "Tous les papiers d'identité sont bien rangés. J'ai même préparé des slips, des chaussettes et une chemise de rechange. Pas trop d'affaires et bien sûr, quelques provisions. Ils sont imprévisibles. C'est impossible de s'entendre avec eux. Ils ne comprennent pas et ils ne comprennent rien".

"Tout peut arriver !"

Oleg rend visite à sa sœur cadette, Svetlana. Les manches relevées alors que le thermomètre est en dessous de zéro, elle assure qu'elle a confiance en son armée : "Qui sait, tout peut arriver ! Les Russes ont quand même plus d'hommes que nous. Les nôtres sont plutôt dans l'Est, à Avdiivka. Là-bas, c'est effrayant"

"Les Russes savent que nos troupes ne sont pas beaucoup déployées par ici. L'idée qu'ils passent à nouveau la frontière, ça me fait peur, bien sûr. Nos soldats ne nous abandonneront pas et c'est rassurant."

Svetlana

à franceinfo

Les soldats ukrainiens dorment dans des maisons du village. Il n'y a plus de rassemblements de militaires dans un seul endroit. L'école où ils étaient hébergés a été bombardée, vraisemblablement à cause d'un informateur.

En Ukraine, à la frontière avec la Russie, les habitants craignent une nouvelle invasion terrestre. Le reportage à Khotine de Vanessa Descouraux, Jérémy Tuil et Yachar Fazylov

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