"La moitié des Ukrainiens qui ont traversé les frontières sont des enfants", alerte la directrice générale de l'Unicef
"C'est presque un enfant chaque seconde qui, depuis deux mois, a franchi les frontières de son pays", selon Ann Avril.
"La moitié des Ukrainiens qui ont traversé les frontières sont des enfants", explique, mardi 4 mai sur franceinfo, Ann Avril, directrice générale d’Unicef. Selon elle, "c'est presque un enfant chaque seconde, depuis deux mois, qui a franchi les frontières de son pays". Elle appelle les pays limitrophes à accueillir ces enfants "dans les meilleures conditions possibles" et à "poursuivre l'élan de solidarité".
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franceinfo : Des dizaines de personnes sont arrivées à Zaporijjia, une ville toujours sous contrôle des autorités ukrainiennes, après avoir été évacuées de Marioupol où elles s'étaient réfugiées pendant des semaines dans l'usine Azovstal. Parmi elles des enfants. Comment les prendre en charge ?
Ann Avril : Ces enfants sont très traumatisés. Ils ont besoin de deux choses. Ils ont besoin d'être mis en sécurité, à l'abri des bombes et ils ont besoin d'une sécurité matérielle qu'il faut leur apporter de toute urgence. C'est ce que nous faisons à l'Unicef avec l'ensemble des organisations humanitaires qui sont présentes sur place. Pour le moment, les mettre à l'abri avec corridors humanitaires, c'est possible. C'est encore incertain. Il s'agit de quelques dizaines d'enfants. Mais surtout, il est absolument important qu'on puisse très vite surmonter ce traumatisme par leur mise en sécurité, en leur offrant des soins, de la nourriture, de l'eau, accès à l'hygiène. Ce sont des basiques pour chacun d'entre nous, mais dont ils sont totalement privés depuis plusieurs semaines.
En avril, il y a plus de 7 700 000 Ukrainiens qui ont dû fuir de chez eux et plus de cinq millions et demi qui ont fui leur pays. Parmi toutes ces personnes, combien y a-t-il d'enfants ?
À peu près la moitié des Ukrainiens qui ont traversé les frontières sont des enfants. C'est-à-dire que c'est presque un enfant chaque seconde qui, depuis deux mois, a franchi les frontières de son pays. Partant sans savoir quand ils pourraient revenir avec souvent une maman ou des grands-parents. C'est absolument indispensable que nous, pays limitrophes, je parle de l'Europe en général, on puisse les accueillir dans les meilleures conditions possibles. À l'Unicef, on a mis en place dans l'ensemble des pays limitrophes, des dispositifs d'accueil de ces enfants. C'est surtout très important de poursuivre l'élan de solidarité qui a commencé. C'est-à--dire de faire des dons, de continuer le soutien que chacun peut apporter aux enfants ukrainiens. Chaque geste compte. Un don de 20 euros ou de 50 euros, c'est important et c'est traduit matériellement sur le terrain par des actions pour l'Unicef et pour les partenaires de l'Unicef.
Est ce qu'il y a des enfants qui ont fui leur foyer, leur région sans leurs parents ?
Le sujet des enfants non accompagnés est très important. Ils sont encore plus vulnérables que les autres enfants et c'est très important qu'ils soient orientés vers les autorités des pays qui vont les accueillir de manière à ce qu'ils soient pris en charge dans des structures d'accueil qui sont dédiées à ces enfants. Ils sont particulièrement vulnérables aux problèmes de traite, assez courants dans ce genre de situation.
Comment vous répartissez l'accueil de ces enfants ?
La priorité pour les enfants d'Ukraine, c'est la paix. Ces enfants ne méritent pas ce qui est arrivé. L'Unicef va pallier les effets de la guerre, mais on n'arrêtera pas la guerre. Il faut qu'on puisse espérer que la paix revienne le plus vite possible pour que ces enfants reconstruisent un avenir durable dans leur pays. L'Unicef estime qu'il y a 2,2 millions d'enfants qui sont en danger en Ukraine, c'est-à-dire qui ont besoin d'assistance humanitaire, de secours, de soins élémentaires pour survivre et qui sont donc immédiatement en danger. Ce sont des centaines, probablement encore à Marioupol, à Odessa. Il faut absolument que ces 2,2 millions d'enfants aient accès à une aide d'urgence. Et c'est ce que nous faisons. Il y a plusieurs milliers d'enfants qui sont accueillis en France. Il y en a chaque jour un peu plus et ils sont très bien intégrés. On peut se réjouir que la société française et l'État français les accueillent le plus normalement possible.
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