Guerre en Ukraine : qui est Konstantin Jevago, ce milliardaire ukrainien arrêté en France, qui risque l'extradition ?
Considéré comme l'une des plus grandes fortunes de son pays, il est poursuivi depuis plusieurs années dans plusieurs affaires. Et la question qui se pose désormais est simple : la France va-t-elle extrader Konstantin Jevago ? Cet homme d'affaires a été interpellé à la fin de l'année dernière à Courchevel, en Savoie. Il était recherché par Kiev. La justice se penche jeudi 16 mars sur la demande des autorités ukrainiennes.
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Celui qui dénonce aujourd'hui un règlement de compte politique avait une vie de luxe entre Dubaï et Londres, où il partage sa vie depuis qu'il a fui l'Ukraine en 2019. Konstantin Jevago avait opté pour un hôtel de luxe en montagne pour passer les fêtes de fin d'année en famille, à Courchevel. Mais le 27 décembre en fin de journée, la police judiciaire de Chambéry est venue l'arrêter.
Un soupçon de détournement de 106 millions d'euros
L'homme d'affaires de 49 ans, aujourd'hui principal actionnaire d'une société minière, Ferrexpo, cotée à Londres, cinquième fortune d'Ukraine selon le magazine Forbes, avait été placé sur la liste Interpol des personnes recherchées, car il est soupçonné par la justice ukrainienne d'avoir détourné 106 millions d'euros alors que sa banque, Finance and Credit, faisait faillite en 2015. Les biens de Konstantin Jevago - par ailleurs ancien député du Parlement ukrainien (de 1998 à 2019) tantôt en tant qu'indépendant, tantôt dans le camp de l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko - avaient déjà été saisis en Ukraine, notamment des actions d'entreprises et des dizaines de biens immobiliers. Début mars, le tribunal de commerce de Kiev avait décidé de saisir les participations de 50,3% dans les usines minières de Poltava, Eristivskiy et Bilanivskiy détenues par Konstantin Jevago via Ferrexpo. Ces installations sont situées dans la région de Poltava, dans le centre de l'Ukraine.
Konstantin Jevago nie les faits : "C'est la première fois de ma vie que je vais en prison. Je
n'ai pas commis les faits dont je suis accusé", avait-il alors déclaré pendant la courte audience, le 5 janvier dernier à Chambéry. L'homme d'affaires avait alors dû verser une caution d'un million d'euros pour retrouver la liberté et sortir de la maison d'arrêt d'Aiton (Savoie), avec interdiction de quitter le territoire. Placé sous contrôle judiciaire, il a également eu l'obligation de remettre ses deux passeports et "de se présenter trois fois par semaine au commissariat de son lieu de domicile", avait alors précisé un communiqué de la Cour.
"Je ne suis pas un oligarque"
Il refuse également l'étiquette d'oligarque et se dit victime d'un règlement de compte politique, car ancien député et adversaire du camp de l'actuel président Volodymyr Zelensky. "En Ukraine, on dit que je suis un oligarque. Ce n'est pas vrai, j'ai toujours combattu contre eux", "l'injustice" et "la corruption". Aujourd'hui, je paye pour cela" et "je ne mérite pas cela", avait-il lancé aux juges.
Il affirme également craindre pour sa sécurité s'il est extradé en Ukraine, a fortiori en temps de guerre. C'est entre autres ce qu'ont prévu de plaider ses avocats devant la cour d'appel de Chambéry, ce jeudi 16 mars.
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