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Guerre en Ukraine : les Bouriates, ces soldats des confins de la Russie envoyés sur le front pour un voyage sans retour

L'armée russe recrute à marche forcée dans cette petite république pauvre proche de la Mongolie. Mais révoltés par la violence du conflit, de nombreux Bouriates cherchent aujourd'hui à quitter l'armée. Ce qui les expose aux représailles de Moscou.

Article rédigé par Claude Guibal - Denis Kataev
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Atsagat, au sud de Oulan Oude, en Bouriatie, Siberie Centrale (Russie). (MARC GARANGER / AURIMAGES VIA AFP)

Oksana Plyusnina ne sait pas ce qu'est devenu son fils, Ilya, enrôlé volontaire envoyé en Ukraine par la Russie. Le 28 avril, le jeune homme signifie aux autorités militaires qu'il veut quitter l'armée. Il leur explique qu'il il vient d'avoir un enfant, qu'il veut rentrer chez lui, en Bouriatie, petite république excentrée et pauvre de la fédération russe, coincée entre le lac Baïkal et la Mongolie. Ils seraient comme lui 150 soldats bouriates a avoir demandé la fin de leur contrat.

Des soldats renvoyés sur le front sans munitions

La plupart ont depuis disparu, raconte Oksana, envoyés dans un centre de détention provision à Lugansk, privés de leur téléphone et de tout contact avec leur famille. "Des pressions physiques et morales sont exercées sur ceux qui refusent, explique Alexei Vladimir Boudaev, co-fondateur de l'ONG Bouriatie Libre. On nous a rapporté que les personnes sont embarquées et qu'on les menace d'être renvoyées au front, mais sans rien, sans équipement, sans uniforme, sans munitions, de sorte qu'elles seraient simplement tuées sans même que ça ne se sache."

Selon les enquêtes indépendantes menées au sujet des morts russes, les Bouriates paient le plus lourd tribut à la guerre en Ukraine. Dans cette région si pauvre, et où le chômage fait rage, l'armée recrute à tour de bras, appatant les recrues avec une solde intéressante et la promesse d'obtenir facilement un prêt pour acheter un appartement bon marché à Ulan Ude, la capitale. Une méthode que Moscou applique aussi au Daghestan, autre république de la fédération, dans la région montagneuse du Caucase. Un vivier de combattants essentiel pour l'armée russe, prête à terroriser pour garder sa chair à canon.

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