Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron est "en roue libre", estime Jordan Bardella

La tête de liste du RN aux européennes était l'invité de "Demain l'Europe", vendredi sur franceinfo.
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Jordan Bardella, tête de liste du RN aux Européennes, invité de "Demain l'Europe" sur franceinfo, le 22 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Attention à l'escalade" : Jordan Bardella, le président du RN était l'invité, vendredi 22 mars, de Demain l'Europe, le rendez-vous de franceinfo avec les têtes de liste aux européennes. Interrogée sur les déclarations d'Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine, la tête de liste du RN aux européennes a estimé qu'Emmanuel Macron est "en roue libre". 

Le chef de l'État a en effet de nouveau affirmé samedi dernier dans Le Parisien/Aujourd'hui en France que des opérations des Occidentaux sur le terrain en Ukraine seraient peut-être nécessaires "à un moment donné". Sur franceinfo, Jordan Bardella juge ces "propos extrêmement inquiétants, anxiogènes pour les Français" et accuse Emmanuel Macron de "jouer l'escalade".

Le président du Rassemblement national craint que de tels propos puissent "contribuer à une guerre frontale avec la Russie". Jordan Bardella considère que "le rôle de la France est d'apporter le soutien nécessaire à l'Ukraine", mais pas "d'envoyer des troupes". "Nous n'avons aucun intérêt à entrer en guerre avec une puissance nucléaire. Nous devons être extrêmement vigilants", prévient-il.

La crainte d'une "escalade"

Jordan Bardella appelle à la vigilance "avec l'envoi de matériel offensif qui pourrait entraîner les conditions d'une escalade". Il se dit "favorable à l'envoi de matériel de défense", évoquant notamment "des munitions d'artillerie, des munitions d'obus, des missiles antichars". Mais le candidat RN aux élections européennes ferme la porte à l'envoi de tout ce qui pourrait "entraîner les conditions soit d'une cobelligérance, soit d'une escalade qui pourrait avoir des conséquences extrêmement dramatiques". "Vladimir Poutine doit entendre qu'il ne peut y avoir de négociation et de paix s'il ne retire pas ses troupes de l'Ukraine", ajoute-t-il.

Réunis jeudi à Bruxelles, les dirigeants européens ont affirmé dans une déclaration commune vouloir aller de l'avant avec un projet visant à utiliser les bénéfices provenant des avoirs gelés de la Russie dans l'Union européenne afin d'armer l'Ukraine. L'eurodéputé français se prononce en faveur de cette proposition, qu'il soutient d'ailleurs avoir "porté devant le chef de l'État [français] il y a quelques jours, lors de la réception des chefs de parti". Jordan Bardella se dit "de manière plus large, favorable aux sanctions qui peuvent fonctionner et défavorable aux sanctions qui ne fonctionnent pas". Il rappelle ainsi son "opposition à l'égard des sanctions énergétiques vis-à-vis de la Russie". Pour Jordan Bardella, "ces sanctions énergétiques ont entraîné les conditions d'une inflation énergétique dans les différents pays de l'Union européenne".

Des négociations "avec Vladimir Poutine"

Le président du Rassemblement national est enfin revenu sur la réélection du président russe Vladimir Poutine, qui a réuni plus de 87% des voix lors d'une élection contestée. Jordan Bardella salue "la position tenue par la diplomatie française et le Quai d'Orsay", la qualifiant de "bonne". Il considère que la France a bien fait de "ne pas féliciter nécessairement l'élection du président Poutine" tout en prenant "acte, car il est le représentant de la Fédération de Russie". "Si demain, il doit y avoir des négociations [avec l'Ukraine], elles se feront avec Vladimir Poutine", insiste Jordan Bardella. L'eurodéputé reconnaît tout de même que la Russie n'est pas un régime démocratique "à l'évidence".

Lors de la précédente présidentielle russe, en 2018, Jordan Bardella avait pourtant chaleureusement félicité Vladimir Poutine "pour sa réélection" sur X (ex-Twitter). Ce vendredi, l'eurodéputé explique ce changement de ton, évoquant "la guerre et les intentions du président Poutine", mais il insiste sur la "naïveté collective" qu'il y a eue, selon lui, "à l'égard de la Russie de Poutine" auparavant. "On essaie de nous faire porter à la droite ou au Rassemblement national cette responsabilité, mais le premier président étranger à avoir été reçu en 2017 par Emmanuel Macron au château de Versailles [était] Vladimir Poutine", lance-t-il.

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