Désintox. Non, la pénurie d'huile de tournesol n'est pas liée au ramadan

Depuis plusieurs jours, un extrait d’un reportage de BFMTV Paris, daté du 8 avril, agite les réseaux sociaux. Sur des images de rayons de supermarchés où l’huile de tournesol semble avoir disparu, le journaliste déclare : « Cette pénurie s’explique dans un premier temps par l’arrivée du ramadan. Cette huile est très utilisée pour préparer les beignets traditionnels de rupture du jeûne. Par ailleurs, son faible coût par rapport aux autres huiles et la guerre en Ukraine ont aussi joué un rôle. » La pénurie d'huile de tournesol, liée avant tout au Ramadan ?

À sa décharge, ce reportage ne concernait que Mantes-la-Jolie. Pourquoi, cependant, la pénurie dans cette ville serait-elle due au ramadan, alors qu'elle touche l'ensemble du pays, dont des territoires peu concernés par le jeûne musulman ? Dans les 14 ou 5e arrondissement de Paris, Désintox a aussi fait face à des rayons vides.

La cause première est en réalité l'Ukraine, premier exportateur de tournesol. « La pénurie s’est déclenchée depuis que les ports ukrainiens sont à l'arrêt », indique l’association européenne des industriels d’huiles végétales. « Le ramadan peut avoir un effet relatif, mais c’est surtout la peur de la pénurie, qui pousse les gens à faire des stocks », abonde le centre de recherche pour l’étude des conditions de vie (Crédoc). Les ventes avaient d'ailleurs augmenté dès février, bien avant le ramadan.

Sollicitée, BFMTV Paris répond que le lancement du reportage, non repris dans l'extrait, précisait bien que « les stocks, dans un premier temps, sont fragilisés par la guerre en Ukraine ». Tout en admettant que « le sujet aurait pu être plus clair dans son écriture ».

Bill Gates, premier dommage collatéral du rachat de Twitter par Elon Musk ? Sur les réseaux sociaux, des internautes affirment que le compte Twitter du milliardaire, longtemps plus grosse fortune du monde, aurait été suspendu par celui qui occupe désormais la première place du classement.

Tout part d'un tweet, publié le 25 avril en fin d'après-midi. Soit quelques heures avant l'annonce officielle de l'accord de rachat du réseau à l'oiseau bleu par le patron de Tesla. « Damn Elon moves quick » - comprendre : « Punaise, il ne perd pas de temps, Elon » - écrit un certain Dr Parik Patel, capture d'écran à l'appui. Celle-ci montre le compte de Bill Gates avec la mention « compte suspendu ». Une image très rapidement relayée (ici et là). Bientôt, des tweets en Français partagent l'information. Certains y voient même « un avertissement » de la politique de Elon Musk, libertarien souvent récupéré par l'extrême droite.

Tout est faux, pourtant, dans cette histoire. Un détour par les archives d'Internet montre qu'aucun mouvement récent n'a eu lieu sur le compte Twitter de Bill Gates. Ni au moment où la capture d'écran est publiée, ni avant. Contacté par Désintox, un porte-parole de Twitter confirme « ne pas avoir pris de mesure sur le compte » du milliardaire. L'entourage de Bill Gates a également nié toute suspension, même temporaire, auprès de nos confrères de Politifact.
 
Surtout, un indice permettait de se méfier. Car l'internaute à l'origine de cette capture d'écran, fort de ses presque 500 000 abonnés, est en fait connu pour ses mèmes sur le monde de la Tech. Auprès de Désintox, le fameux “Dr Parik Patel” redevient sérieux : « C'était une blague, nous dit-il, je suis un compte satirique ».

Retrouvez Désintox du lundi au jeudi, dans l'émission 28 Minutes sur Arte, présentée par Elisabeth Quin.
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