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Malte: le plus petit Etat de l'UE confronté à l’immigration clandestine
Plus petit Etat de l’Union européenne, l’île de Malte assure la présidence tournante du Conseil de l’UE depuis le 1er janvier 2017. Parmi ses priorités: l’immigration. Un problème crucial pour ce pays à mi-chemin entre l’Afrique du Nord et l’Italie.
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La tâche de Malte ne s’annonce pas des plus aisées. Le pays, qui a rejoint l’UE en 2004, aura à gérer le 60e anniversaire du traité fondateur de Rome. Mais surtout les débuts de Donald Trump à la Maison Blanche, les négociations sur le Brexit, les élections en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Autant d’évènements dont les conséquences pourraient entraîner un recul, voire un détricotage, de l’Union européenne.
Concernant le Brexit, le Premier ministre Joseph Muscat a d’ores et déjà fait savoir que son gouvernement tenterait de jouer le rôle d’un «intermédiaire honnête» entre Londres et Bruxelles, rapporte le site euractiv.fr. Il est d’autant plus enclin à cette position que Malte, ancienne possession britannique, «a intérêt à ce que le Royaume-Uni demeure un partenaire notamment commercial et bancaire de premier plan» de l’UE.
L’Etat le plus méridional de l’Union entend notamment s’intéresser en priorité aux dossiers de migration et de sécurité. Il faut dire qu’en raison de sa situation (à 320 km des côtes libyennes), «Malte doit (…) faire face à l’arrivée de personnes originaires des régions sub-sahariennes les plus pauvres et les plus ravagées par la guerre», constatait en 2013 le journal britannique conservateur The Telegraph. Les migrants arrivant aussi d’Egypte et de la Corne de l’Afrique (Somalie, Erythrée, Soudan…).
Des arrivées massives de migrants sur les côtes
Entre 2005 et 2015, l’île a ainsi accueilli quelque 17.000 demandeurs d’asile arrivés en général de Libye par la mer, selon les chiffres du Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU. «Ces chiffres sont insoutenables», estimait en 2013 le chef du gouvernement. «Malte est le plus petit Etat de l’UE et nous supportons un fardeau plus gros que n’importe quel autre pays» membre. The Telegraph calculait alors qu’en comparaison, le Royaume-Uni aurait accueilli… 2,5 millions de migrants.
L’évènement a constitué «un choc» pour la population maltaise et a «rencontré de l’hostilité non déguisée, comme ailleurs en Europe», note The Economist.
Ces arrivées massives sur les côtes maltaises ne se sont pas faites sans drame. Le 10 septembre 2014, 500 migrants sont morts noyés, après le naufrage de leur bateau volontairement coulé par des passeurs au large de l’île, selon les témoignages de la dizaine de survivants. Espérant gagner l’Italie, les naufragés étaient partis d'Egypte quelques jours plus tôt.
Pour autant, depuis 2015, il est à noter que le flot de clandestins s’est quasiment tari et s’est détourné vers l’Italie. «Personne ne sait pourquoi», explique The Economist. Le thème des migrants n’en reste pas moins sensible dans l’opinion maltaise.
Atteinte aux droits de l’Homme
30% des migrants clandestins qui ont atteint l’île restent sur place. Ce qui ne va pas sans poser problème aux autorités locales d’un pays qui est l’un des plus densément peuplés au monde. «Par rapport à la population locale, le nombre de candidats à l’asile politique est de loin le plus élevé de l’UE», selon une étude de la Commission de Bruxelles et du Conseil de l’Europe.
Leur accueil n’est pas forcément des plus amicaux. Selon le rapport d’Amnesty International pour la période 2015-2016, «les autorités ont continué de placer systématiquement en détention les demandeurs d'asile et les migrants en situation irrégulière, en violation des obligations du pays au regard du droit international». Jusqu’en 2014, les jeunes non accompagnés étaient détenus à leur arrivée pour une procédure permettant d’évaluer leur âge. Depuis, «les autorités ont assoupli cette politique», constate l’étude citée ci-dessus. Elles ont aussi adopté de nouvelles mesures pour mettre un terme à la détention systématique.
Dans le même temps, «des allégations de recours excessif à la force par des agents des centres de détention» ont été rapportées, constate Amnesty. Le rapport de l’ONG précise que «les résultats de l'enquête sur la mort en détention du Malien Mamadou Kamara en 2012, rendus publics en décembre 2014, faisaient état de graves violences contre les détenus.» Le Malien de 32 ans était mort dans un fourgon de détention de l’armée. «Sur les cinq membres des forces de l’ordre présents au moment des faits, deux soldats ont été inculpés pour meurtre, un troisième pour falsification de preuves», précise le site des Inrocks. Quinze mois plus tôt, un détenu nigérian de 29 ans était mort en tentant de s’échapper d’un centre de détention.
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