Les Turcs enterrent la constitution issue de la dictature militaire
“Le vainqueur, aujourd'hui, c'est la démocratie turque”, se félicite le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Selon les dernières estimations, 58% des électeurs turcs ont voté en faveur de la révision constitutionnelle qu'il défendait avec son parti, l'AKP, d'inspiration islamique, lors du referendum organisé hier, trente ans après le putsch militaire qui a porté le général Kenan Evren au pouvoir.
Le gouvernement va maintenant s'atteler à réécrire une constitution pour le pays, qui remplacera celle d'aujourd'hui, vestige de la dictature militaire. Elle avait en effet été promulguée en 1982. “Le régime de tutelle (de l'armée) fait désormais partie de l'histoire. Les partisans des putschs militaires n'atteindront pas leurs objectifs”, pavoise le Premier ministre.
L'Union européenne se félicite aussi de la victoire du “oui”. Tout en regrettant l'absence de grand débat public, Bruxelles estime qu'Ankara fait un pas vers le respect des critères d'adhésion.
Les principales mesures portent sur l'armée et la justice. Il sera notamment plus facile de traduire des militaires devant les tribunaux civils. Mais si le souvenir du putsch de 1980 s'attache à l'armée, elle fait aussi figure de bastion de la laïcité, de même que la justice. D'où l'inquiétude de l'opposition laïque, le Parti républicain du peuple, qui dénonce une tentative de prise de contrôle des tribunaux par l'AKP. Il craint notamment que le parti au pouvoir ne tente à nouveau de lever l'interdiction du voile islamique. La dernière tentative a été invalidée part la Cour constitutionnelle, qui sera, entre autres, réformée par la nouvelle constitution.
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