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Le retour de SAS: quand géopolitique rime avec érotique
SAS Malko Linge a-t-il trouvé un successeur? Mort en 2013 avec son créateur, Gérard de Villiers, SAS pourrait renaître à travers un couple «KO», Kali et Odys. Ces personnages, créés par le très anonyme Alex de Brienne et les sages éditions Le Livre de Poche, entendent bien reprendre le flambeau du polar géopolitique et érotique basé sur des points chauds de la planète.
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Blonde sexy en Une, titraille à la SAS, actu internationale, voyages autour du monde et forte présence érotique, «KO» entend bien surfer sur l’image de SAS. La célèbre collection de livres érotico-géopolitiques SAS, de Gérard de Villiers, disparu avec la mort de son auteur en 2013, avait laissé orphelins des centaines de milliers de lecteurs. La très classique maison d’édition Le Livre de Poche reprend le flambeau et lance une collection qui reprend tous les codes de SAS.
Le premier titre de la série KO, Massacre à Odessa, revient sur la mort de plusieurs dizaines de personnes dans la ville ukrainienne en mai 2014. Autour de ce fait historique, l’auteur, qui signe sous le pseudonyme d’Alex de Brienne, tisse une histoire entre méchants Russes et peu sympathiques Ukrainiens, en présence de quelques jolies blondes.
Petit clin d’œil à Son Altesse Sérenissime Malko Linge, au début de Massacre à Odessa, l’héroïne prend un livre et commence «à lire un SAS de Gérard de Villiers, Le Cartel de Sébastopol. N’en déplaise aux critiques qui l’avaient snobé pendant toute sa carrière, Villiers savait comme personne vous familiariser avec un pays, ses mœurs, ses agences de renseignements.»
«Gerard de Villiers ne voulait pas que son œuvre se poursuive avec d’autres auteurs», nous explique Véronique Cardi, directrice du Livre de Poche, en citant Christine de Villiers, la veuve du père de SAS, pour qui KO est «un nouveau genre, à mi-chemin entre SAS et Ellroy».
Espionnage, sexe et féminisme
Dans KO, le héros lancé dans le grand bain de l'espionnage et la géostratégie sanglante est remplacé par un étrange couple. A la place de Malko Linge, un frère et une sœur à l’histoire mystérieuse (qui devrait se dévoiler au fil des épisodes). Kali et Odys. Elle, sculpturale beauté à la sexualité saphique débordante, et lui, geek génial. Tous deux symbolisent la volonté de l’éditeur «d’aller plus loin que SAS. Notamment en allant vers les lectrices en créant un personnage de femme» très active. SAS et féminisme... fallait oser. «Nous sommes loin du politiquement correct», s'amuse Véronique Cardi.
Difficile de savoir si ce rôle donné aux femmes plaira aux lecteurs qui ont fait le succès des quelque 200 titres de Gérard de Villiers vendus à environ 100 millions d’exemplaires entre 1965 et 2013. Sexe, violence, voire torture ou racisme (parfois)… Si la réussite de SAS doit une partie de son succès à ce cocktail savamment dosé, elle le doit aussi à la description des villes traversées et à sa façon unique de coller à l'actualité internationale.
Un mélange revendiqué par KO. «Intrigue géopolitique, explorer les enjeux de la politique internationale, événements d’actualité forts, cela s’inscrit dans les pas de SAS en ajoutant une touche plus féminine», résume Véronique Cardi.
Reconnaissance tardive de Gérard de Villiers
Reste à construire une légende qui puisse égaler celle de Gérard de Villiers. L’éditrice reste discrète sur la personnalité d’Alex de Brienne, un écrivain qui publie par ailleurs et qui se rend sur le terrain, accepte-t-elle juste de dire sur lui.
En effet, derrière les photos choc et le style cru, Gérard de Villiers avait su se construire une vraie personnalité de spécialiste du renseignement, de voyageur et d'enquêteur rigoureux, reconnue très tardivement grâce notamment à un article du New York Times en 2013. Avec cet article, SAS, qui était lu sous le manteau, devint une lecture que l'on pouvait assumer. Le journaliste américain rendait hommage aux titres de SAS «romans de gare à succès, qui servent également de fonds de renseignements aux agences d’espionnage du monde entier».
Le résultat fut immédiat et dans la foulée du NYT, la presse rendit hommage à l'auteur. On apprit que des personnalités lisaient SAS, comme l’ancien ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine. Mieux encore, le patron de la DGSE, Bernard Bajolet, énarque et diplomate, serait selon Le Figaro, un amateur de SAS.
«Je conseille à nos analystes de lire ses livres, car ils contiennent beaucoup d’informations véridiques. Il a ses entrées dans tous les services de sécurité et il connaît tous les acteurs», disait un agent de la CIA interviewé dans l’article du NYT. Un challenge que devra réussir l’auteur de la nouvelle collection, le mystérieux Alex de Brienne, dont les prochains volumes doivent nous amener à Mossoul dans une enquête sur les viols de Noël à Cologne ou en Namibie. Avec la charmante Kelly?
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