Le patron de la F1 signe un gros chèque pour échapper à un procès pour corruption
Bernie Ecclestone était jugé en Allemagne pour avoir versé 44 millions de dollars de pots-de-vin présumés en vue de conclure la vente des droits de la Formule 1 à un fonds d'investissement.
La liberté contre 100 millions de dollars (74,6 millions d'euros). Le tribunal de Munich (Bavière, Allemagne) a annoncé, mardi 5 août, qu'il mettait fin au procès pour corruption du patron de la F1 Bernie Ecclestone en échange d'un gros chèque versé par le prévenu. "La procédure est arrêtée, en accord avec le parquet et le prévenu, conformément à l'article 153a" du code de procédure pénale qui régit ce type de négociations, a déclaré le président du tribunal.
Ecclestone, 83 ans, était jugé depuis le 24 avril à Munich pour avoir versé 44 millions de dollars (31,8 millions d'euros) de pots-de-vin présumés, en 2006 et 2007, au banquier allemand Gerhard Gribkowsky, qui travaillait pour la banque publique bavaroise Bayern LB, en vue de conclure la vente des droits de la F1 au fonds d'investissement CVC Capital Partners. Ecclestone dispose d'une semaine pour verser les 100 millions de dollars, dont 99 millions iront dans les caisses de l'Etat régional de Bavière et 1 million dans celles d'une fondation d'aide à l'enfance.
Le "prix du silence"
Avec cet accord, le casier judiciaire d'Ecclestone demeure vierge, ce qui lui permet de continuer à diriger la Formule 1. Paradoxalement, la défense a monnayé un abandon des poursuites alors qu'Ecclestone n'a cessé de nier les charges contre lui. Apparu fringant à l'ouverture du procès en avril, le milliardaire n'a manqué aucun jour d'audience, laissant à ses avocats le soin de s'exprimer.
Ecclestone ne contestait pas le paiement de 44 millions de dollars à Gribkowsky, mais il présentait cela comme le "prix du silence" pour que ce dernier ne fasse pas de révélations gênantes sur son patrimoine au fisc britannique. Entendu mi-mai, le banquier allemand a maintenu ses accusations de corruption.
Un "blanchiment judiciaire"
L'arrêt du procès après quatre mois d'audience, pour un montant sans précédent, a suscité beaucoup moins d'entousiasme en Allemagne. Le Süddeutsche Zeitung, dans un éditorial acide, a aussi dénoncé à l'avance une opération de "blanchiment judiciaire" relevant de la "provocation", d'autant que l'autre protagoniste de l'affaire, Gerhard Gribkowsky, purge une peine de huit ans et demi de prison ferme.
"Les tarifs pratiqués dans cette station de lavage diffèrent assurément de ceux d'une station-service normale. Et l'on n'y nettoie pas une simple voiture, mais le patron du circuit", avait dénoncé le chroniqueur judiciaire du Süddeutsche, ancien magistrat à Munich. En guise de commentaire, le journal populaire Bild, plus gros tirage de la presse allemande, s'est contenté de citer le réalisateur serbe Emir Kusturica : "Quand tu ne peux pas régler un problème par de l'argent, tu peux toujours le régler avec encore plus d'argent".
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