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Le Parlement européen dit non à la "colle à viande"

Il n'y aura finalement pas de thrombine dans les produits vendus en France. La Commission Européenne voulait autoriser l'usage de cet additif alimentaire, qui permet d'agglomérer des morceaux de viandes d'origines différentes. Mais le Parlement de Strasbourg a rejeté ce projet.
Article rédigé par franceinfo
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"Un steak est un
steak, un jambon est un jambon". Cette expression d'un eurodéputé allemand résume l'avis des parlementaires strasbourgeois : pas question d'autoriser sur le marché européen la très contestée thrombine. Cet enzyme issue de sang de bœuf ou de porc est une sorte de "colle" alimentaire, qui permet de reconstituer un morceau de viande à partir de plusieurs morceaux différents.

Cela présente un "risque évident d'induire
en erreur le consommateur", ont affirmé les eurodéputés, estimant également que l'innocuité de la thrombine n'avait pas été suffisamment démontrée. Par 370 voix contre 262, ils ont donc rejeté l'autorisation de cet enzyme, donnant raison aux écologistes qui avaient condamné unanimement cette idée. C'est "franchement scandaleux" estime l'ancienne ministre de l'Ecologie Corinne Lepage. Quant à José Bové, grand pourfendeur de la "malbouffe", il juge que l'idée d'utiliser la thrombine "ne pouvait naître que dans des esprits
attirés par le gain à court terme".

C'est en revanche un camouflet pour la Commission Européenne, qui était à l'origine du projet. L'exécutif des 27 ne manquait pas d'arguments en faveur de cette "colle", insistant sur l'avantage financier : la thrombine permet de vendre des produits carnés "moins chers", explique le commissaire européen en charge de la Santé, puisqu'ils sont issus des morceaux de
viande bas de gamme. Une bonne nouvelle pour "les consommateurs les moins aisés" explique John Dalli.

La Commission faisait également valoir que plusieurs pays (Allemagne, Belgique, Pays-Bas...) avaient déjà autorisé la thrombine, et qu'il ne s'agissait donc que d'harmoniser les législations nationales.

Enfin, le commissaire chargé de la Santé promettait la plus grande transparence : il était prévu que la présence de l'enzyme soit
obligatoirement mentionnée sur l'étiquette des produits concernés.

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