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Le pape François évoque le "génocide" arménien, la Turquie réagit

Pour la première fois, un pape a prononcé publiquement le mot "génocide" - au risque de se fâcher avec la Turquie, qui ne reconnaît qu'une "guerre civile". C'était à l'occasion de la messe de commémoration du centenaire du massacre, en présence du président arménien. La Turquie a rappelé son ambassadeur.
Article rédigé par franceinfo
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  (Pour la première fois, un pape a employé publiquement le mot "génocide" arménien © REUTERS/Tony Gentile)

"Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme le premier génocide du XXe siècle a frappé votre peuple arménien. Les deux autres ont été ceux perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et plus récemment d'autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie."

C'est peu dire que ces quelques mots, prononcés par le pape en pleine basilique Saint-Pierre de Rome, étaient attendus de la communauté arménienne. Génocide arménien, le terme avait bien été utilisé dans un document écrit, signé en 2011 de Jean-Paul II et du patriarche arménien. Mais c'était la première fois qu'il était publiquement prononcé... Le pape François s'est exprimé à l'ouverture d'une messe à la mémoire des Arméniens, concélébrée avec le patriarche arménien Nerses Bedros XIX Tarmouni, avec des éléments du rite catholique arménien et en présence du président du pays, Serzh Sargsyan.

La Turquie rappelle son ambassadeur

Ces propos risquaient bien de vexer la Turquie, qui ne reconnaît qu'une "guerre civile" sur son sol, une guerre dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort. Les Arméniens, eux, estiment qu'1,5 million des leurs ont été tués entre 1915 et 1917. Certains pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu l'existence d'un génocide. D'autres, comme les Etats-Unis, n'emploient pas le mot, pour ne pas détériorer leurs relations avec la Turquie, puissant allié au Proche-Orient.Quelques heures après les propos tenus par le pape François, la télévision turque rapportait qu'Ankara avait convoqué le représentant du Vatican. Les autorités turques lui ont déclaré avoir été "profondément désolées et déçues " par les déclarations du pape François, qui a parlé de "génocide" à propos du massacre des Arméniens en 1915 dans l'est de l'Empire ottoman, a déclaré un responsable turc.

Les propos du pape soulèvent un "problème de confiance " dans les relations entre Ankara et le Vatican, a ajouté ce responsable. En fin d'après-midi, la Turquie a rappelé son ambassadeur au Vatican pour "consultations ".

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