Le Luxembourg dépénalise l'euthanasie
La proposition de loi a été adoptée hier soir en première lecture à une très courte majorité de 30 députés sur les 59 que compte la chambre des députés luxembourgeoise. Tous les élus du parti chrétien social (CSV) du Premier ministre Jean-Claude Juncker, à l'exception d'un seul, ont voté contre. Le texte est passé in extremis grâce au soutien des députés socialistes de la majorité gouvernementale, des membres de l'opposition libérale et des Verts. C'est un revers pour les conservateurs du CSV, qui craignaient une "banalisation de l'acte d'euthanasie". La proposition de loi, qui datait de 2001, a suscité des débats passionnés dans la population luxembourgeoise, très attachée aux valeurs du catholicisme. Le monde médical était majoritairement opposé à ce projet.
En 2002, les Pays-Bas ont été le premier pays d'Europe à légaliser l'euthanasie, suivie par la Belgique la même année. Dans la plupart des autres pays européens, l'opinion publique reste divisée et la législation considère que l'aide apportée aux malades incurables désireux de mettre fin à leurs jours est un homicide.
"Cette proposition de loi n'est pas un permis de tuer. Ce n'est pas une loi pour les parents ou pour les médecins mais pour le patient et seul lui décide de mettre fin à sa souffrance", a déclaré la socialiste luxembourgeoise Lydie Err, à l'origine de la proposition. Pour son collègue écologiste Jean Huss, lui aussi à l'origine du texte, la dépénalisation va mettre fin à l'hypocrisie de la situation actuelle. Selon lui, l'euthanasie est déjà pratiquée par des médecins dans l'illégalité dans le pays et de nombreux Luxembourgeois partent en Suisse pour mettre fin à leurs souffrances.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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