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La guerre oubliée dans l'est de l'Ukraine

Un observateur américain de l’OSCE a été tué par l’explosion d’une mine dans l’est de l’Ukraine, tenu par les rebelles, a annoncé le 23 avril 2017 l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. L’affaire montre combien la situation dans la région «demeure instable», a souligné Paris. Une région où se déroule une véritable «guerre figée». Etat des lieux.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un militaire ukrainien, armé d'un lance-grenades, affronte des éléments séparatistes à Avdiivka, dans la région de Donestsk (est de l'Ukraine), le 30 mars 2017. Malgré les accords de Minsk, la guerre est tout sauf terminée dans la région.

C'est la première victime que déplore la mission d'observation spéciale de l'OSCE en Ukraine depuis son déploiement, il y a plus de trois ans, dans cette région où elle est chargée de veiller au respect des accords de paix. En l’occurrence, les accords signés à Minsk (Biélorussie) en février 2015, qui ont mis en place un cessez-le-feu. Objectif : mettre fin au conflit opposant depuis 2014 les forces ukrainiennes «à des séparatistes prorusses qui sont, selon Kiev et les Occidentaux, soutenus par la Russie, ce que Moscou dément», rapporte Le Figaro. Un conflit qui a fait quelque 10.000 morts.

Selon l'armée ukrainienne, au moment de l'explosion qui a tué l’observateur de l’OSCE et blessé deux autres personnes, dont une Allemande, il n'y avait pas d'affrontements en raison d'une trêve temporaire mise en place par les rebelles et Kiev le 1er avril. La patrouille a sauté sur une mine près du village de Prychyb dans la région séparatiste de Lougansk, une des deux régions rebelles avec Donetsk.

«L'explosion était suffisamment puissante pour perforer un véhicule blindé», a précisé un responsable de l'OSCE à Kiev, ajoutant que tous les véhicules de la mission étaient blindés. Il s’agissait d’une mine «anti-char», selon la police de la zone de Lougansk. Dans un communiqué mis en ligne sur leur site, les séparatistes de Lougansk ont affirmé que la patrouille des observateurs avait quitté la route principale et emprunté un itinéraire peu sûr.
 
Violations quotidiennes du cessez-le-feu
Les membres de l’OSCE relèvent quotidiennement dans la région des «centaines de violations du cessez-le-feu sans pointer du doigt Kiev ou la rébellion», rapporte La Croix. Les deux parties s’accusent mutuellement de bombarder les zones résidentielles le long de la ligne de front.

Particulièrement visée: la ville industrielle d’Avdiivka, point stratégique du conflit perdu, puis repris par les Ukrainiens. La zone est toute proche de Donetsk, capitale des séparatistes de la République autoproclamée du même nom. «C’est (…) un nœud routier dont les combattants rebelles ont su profiter pour déplacer des armes lourdes», constate Le Figaro. Dans le même temps, sa cokerie, la plus grande d’Europe, a «aussi une importance cruciale pour l’alimentation en électricité de la région»

«A Avdiivka, les armes ne se taisent jamais ou presque», constate La Croix. «Sur les immeubles vétustes, on ne compte plus les vitres fracassées par les éclats d’obus et les façades endommagées». La localité est ainsi «le théâtre d’une guerre figée». Et la preuve vivante de «l’échec» des accords de Minsk.

Pays occidentaux vs Russie
D’une manière générale, le conflit ukrainien reste l’une des pommes de discorde opposant les pays occidentaux et la Russie. En février 2017, un durcissement des combats sur le terrain avait amené les Occidentaux à se demander si le Kremlin ne cherchait pas à «tester» Donald Trump et la nouvelle administration américaine.

Mais depuis, cette dernière a clarifié sa position. L’action de la Russie en Ukraine est «un obstacle» à une amélioration des relations entre Washington et Moscou, a ainsi déclaré le 23 avril 2017 le nouveau secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, dans une conversation téléphonique avec le président ukrainien Petro Porochenko. Le 31 mars, Rex Tillerson avait dénoncé «l’agression de la Russie en Ukraine» lors de sa toute première réunion à l’Otan. A la suite de quoi Moscou a dénoncé une «calomnie» de la part des membres de l’alliance militaire occidentale qui ont «toujours à l’esprit (…) le mythe de la ‘‘menace russe’’».

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