La Grèce sous surveillance
C’est "un jour historique pour l’économie grecque " a dit ce matin le Premier ministre grec Lucas Papademos.
Les ministres des Finances des 17 pays de l'Eurogroupe ont donné leur feu vert à un accord pour permettre à la Grèce de recevoir 130 milliards d'euros (170 milliards de dollars) de plus en prêts d'urgence afin de ramener sa dette à 120,5% de son PIB d'ici 2020.
Le Premier ministre grec a souligné que cet accord est une étape importante pour assurer le financement de l'économie grecque. Le pays est au bord du gouffre après deux ans d’une crise sans précédent.
Grâce à ce plan de soutien, la Grèce devrait être en mesure de faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards d'euros qui tombe le 20 mars et ainsi d'éviter le défaut de paiement.
La Grèce obtient donc un accord aux forceps mais en contrepartie elle fera l'objet d'une surveillance encore plus renforcée de la part de ses créanciers, de la Commission européenne en particulier, pour s'assurer qu'elle ne dévie pas des objectifs fixés.
Des hommes en noir avec des gardes du corps
La troïka enverra bientôt des inspecteurs permanents à Athènes afin d'assurer la bonne marche technique du programme et d'en surveiller la mise en œuvre.
La troïka a été créée il y a deux ans au moment du premier plan de sauvetage. Elle est composée d’une trentaine d'inspecteurs issus de la Banque centrale européenne, de la Commission de Bruxelles et du FMI.
Ces "experts" sont surnommés "les hommes en noir " par la presse grecque. Les Grecs ne les accueillent pas à bras ouverts, à tel point qu'ils se déplacent souvent avec des gardes du corps.
Ces inspecteurs doivent aider les autorités grecques à appliquer les réformes et à mieux dépenser les fonds européens.
Déjà, à plusieurs reprises au cours de l’année dernière, ces experts se sont rendus à Athènes pour éplucher les comptes.
Mais en marge de la réunion de l'Eurogroupe, le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, veut aller plus loin.
Il souhaite une surveillance "permanente " de la Grèce par l'UE et le FMI afin de mieux contrôler l'avancée des réformes et la mise en place de mesures d'austérité.
"Quand on voit les dérapages (des comptes publics à Athènes), cela est probablement nécessaire ", avait-t-il affirmé, jugeant insuffisant l'examen tous les trois mois des bailleurs de fonds de la Grèce.
Autre mesure pour renforcer la surveillance d'Athènes: la zone euro a décidé de mettre en place un compte bloqué sur lequel serait versée une partie des fonds prêtés à la Grèce qui seront affectés en priorité au remboursement de la dette publique, indique le communiqué final.
Une idée qui va permettre de "mieux suivre et surveiller les fonds prêtés à la Grèce ". Ce mécanisme sera soumis au contrôle de la troïka des bailleurs de fonds de la Grèce. Il sera temporaire, en attendant que la Grèce inscrive d'ici à deux mois une clause dans sa constitution pour garantir que le service de la dette sera sa priorité.
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