"Save our bacon" : au Royaume-Uni, des éleveurs de porcs manifestent pour réclamer plus de bouchers
Des élevages débordés et personne pour s'en occuper avant la commercialisation. Le pays connaît actuellement une pénurie de bouchers qui pénalise les éleveurs de porcs, contraints pour certains de tuer eux-mêmes leurs bêtes.
Le parti conservateur de Boris Johnson, au pouvoir au Royaume-Uni, tient son congrès annuel en ce moment à Manchester, en Angleterre. L’occasion pour certains Britanniques d’essayer de se faire entendre. C’est le cas de plusieurs éleveurs de porcs. Confrontés à un manque de bouchers dans le pays, ils sont contraints de tuer leurs animaux sans pouvoir les mettre sur le marché.
Ils grelottent sur un trottoir, vêtus d’un t-shirt blanc sur lequel il est écrit : "Sauvez notre bacon", au-dessus d’un drapeau du Royaume-Uni. Quelques mètres plus loin, dans les salles de conférence, se croisent les députés et les ministres. Ce sont eux qu’ils veulent alerter. Duncan Berkshire est vétérinaire, il fait partie de ce petit attroupement. Il raconte des élevages débordés, trop de cochons et personne au bout de la chaîne pour s’en occuper avant la commercialisation : "Nous n’avons pas assez de bouchers qualifiés capables de découper ces cochons. Notre seule option finira par être de les tuer dans les fermes et ensuite de les incinérer. Voilà une situation où des gens ne mangent pas à leur faim dans le pays et l’on va mettre à la poubelle des porcs de grande qualité, élevés dans d’excellentes conditions."
"C'est catastrophique pour les éleveurs, les vétérinaires et pour le grand public"
Duncan Berkshire, vétérinaire britanniqueà franceinfo
Encore une pénurie, de main d’œuvre cette fois. Alors ces professionnels réclament des visas temporaires pour des bouchers étrangers, comme c'est le cas pour les chauffeurs routiers, le temps d’en former, ici, au Royaume-Uni. Une situation due à la fois à la pandémie et au Brexit. Vicky Scott n’en revient pas. Elle est éleveuse de porcs dans le Yorkshire. Elle a voté pour sortir de l’Europe. Ce n’est pas ce qu’elle imaginait : "On n’a clairement pas voté pour ça. C’est fou. L’idée du Brexit était d’unifier le pays et de soutenir notre industrie. C’est aberrant. Les éleveurs sont mécontents bien sûr. Mais ça convient au gouvernement et aux revendeurs qui font venir de la viande de l’étranger."
Elle qui voulait privilégier la production "Made in Britain" et la main d’œuvre nationale se retrouve aujourd’hui à demander des permis exceptionnels pour des professionnels étrangers. Elle précise que même s’ils ne parlent pas anglais, ce n’est pas grave.
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