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Brexit : la France déroule son tapis "bleu blanc rouge" à la City

Le gouvernement veut convaincre le secteur financier de quitter Londres pour Paris dans la foulée du Brexit.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre, Edouard Philippe (au centre), aux côtés de la maire de Paris, Anne Hidalgo (à droite), et de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (à gauche), et le secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux (à gauche), le 7 juillet 2017 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

La City va-t-elle débarquer à Paris ? Le gouvernement a présenté, vendredi 7 juillet, des mesures destinées à dérouler le "tapis bleu blanc rouge" pour convaincre le secteur financier de quitter Londres et s'installer à Paris, dans le sillage du Brexit. Sur le toit de la Monnaie de Paris, avec le quartier d'affaires de la Défense au loin, le chef du gouvernement, Edouard Philippe, a présenté ces dispositions aux côtés de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.

Parmi celles-ci, plusieurs mesures touchent au cadre fiscal : une extension prévue en 2018 de la taxe sur les transactions financières (TFF) va être abrogée ; la tranche supérieure, à 20%, de la "taxe sur les salaires", pesant notamment sur les gros revenus du secteur financier, va être supprimée ; enfin, les bonus parfois considérables du secteur financier seront exclus du calcul des indemnités de licenciement des employés "preneurs de risques" (traders, etc.), ce qui devrait profiter à leurs employeurs.

"Welcome back to Europe"

La région Ile-de-France va également ouvrir trois lycées internationaux supplémentaires d'ici 2022, en plus des six actuels : à Courbevoie (Hauts-de-Seine), à Saclay (Essonne) et à Vincennes (Val-de-Marne). Autre mesure importante annoncée vendredi : le gouvernement lance le projet d'une nouvelle cour de justice, "une chambre commerciale internationale spécialisée dans ces contentieux à haute technicité juridique", qui devrait être intégrée à la cour d'appel de Paris. "On peut regretter cette décision [du Brexit], on peut s'en féliciter, mais elle est là. Il faut en tirer les conséquences", a défendu Edouard Philippe, qui avait annoncé mardi qu'il présenterait rapidement ce train de décisions.

"Aux investisseurs et aux déçus du Brexit, je veux dire que nous sommes prêts à vous dérouler le tapis bleu-blanc-rouge, comme l'a fait Londres par le passé avec Paris. Welcome back to Europe", a lancé Valérie Pécresse. Le précédent exécutif socialiste avait déjà avancé sur le chantier de l'attractivité lors du précédent quinquennat, notamment avec la facilitation du retour des expatriés, la confirmation du chantier du "CDG Express" pour desservir Roissy, ainsi qu'une baisse progressive du taux de l'impôt sur les sociétés.

Une seule entreprise intéressée pour le moment

Mais ces actions étaient jugées "insuffisantes", selon un rapport sénatorial publié le mois dernier, pour combler le retard d'attractivité de Paris afin de bénéficier du Brexit, face à Francfort, Luxembourg ou Dublin, autres fiefs financiers entendant dépouiller la City de quelques joyaux de sa couronne. L'"effet Brexit" reste à ce stade encore limité pour Paris, en dehors de l'annonce de la banque HSBC, qui prévoit de déplacer 1 000 emplois en France. JP Morgan Chase, géant américain de la banque d'affaires, a pour sa part choisi Dublin, Francfort et Luxembourg.

"A ce stade, il n'y a pas d'engagement autre que celui de HSBC. On y travaille. La journée d'aujourd'hui est un signal important aux investisseurs", a affirmé le secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux, rattaché à Bercy. En 2018, la taxe sur les transactions financières devait être étendue aux transactions "infrajournalières" ("intraday") : cette extension sera "supprimée". Toutes ces mesures viennent s'ajouter à d'autres chantiers "pro-business" du quinquennat Macron : exclusion des actions de l'ISF, baisse de l'impôt sur les sociétés, réforme du droit du travail...

L'ONG Oxfam "atterrée"

Les organismes du secteur financier, comme Paris Europlace ou la Fédération bancaire française, ont salué la "mobilisation exceptionnelle des pouvoirs publics". L'ONG Oxfam, grande avocate de la taxe sur les transactions financières, s'est en revanche dite "atterrée" par le choix de l'exécutif "de dérouler le tapis rouge pour les banquiers de la City". Selon les calculs d'Oxfam et de l'ONG One, l'extension de la TFF, qui rapporte actuellement environ un milliard d'euros, aurait permis de rapporter "au moins deux milliards" supplémentaires. L'exécutif s'est refusé à tout chiffrage de cette extension de la taxe, "inapplicable" à ses yeux. 

Le gouvernement a en revanche maintenu vendredi le taux de 0,3% de la TFF, quand le rapport sénatorial suggérait de la baisser à 0,2%. La suppression de la tranche supérieure de la taxe sur les salaires représente, elle, un manque à gagner de 100 millions d'euros, selon Bercy. 

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