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Après le Brexit, la parole raciste se libère outre-Manche, où les agressions se multiplient

Francetv info revient sur ces évènements qui traduisent la division post-référendum du Royaume-Uni. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des drapeaux britanniques flottent devant Big Ben, le 24 juin 2016 à Londres. (MAXPPP)

"Quittez l'Union européenne. Dehors, la vermine polonaise." Cette phrase a été inscrite sur des petites cartes, en anglais et en polonais. Au lendemain du vote pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, elles ont été laissées aux abords d'une école primaire, à Huntingdon, dans le Cambridgeshire. Selon Sky News (en anglais), des membres de la communauté polonaise dans la région en ont découvert, glissées sous leurs portes. 

Alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la libération d'une parole raciste, encouragée par la décision du pays de quitter l'UE et les arguments de certains défenseurs du "leave", qualifiés de "xénophobes", une députée travailliste a assuré qu'elle demanderait au Parlement de se pencher sur ces incidents, afin de déterminer si le référendum avait effectivement joué un rôle de détonateur. 

Francetv info revient sur ces évènements qui traduisent la division post-référendum du Royaume-Uni. 

Plusieurs enquêtes en cours 

Alors que la question de l'immigration a tenu un rôle central dans les débats qui ont précédé le scrutin, des associations de lutte contre les crimes racistes tirent la sonnette d'alarme, dimanche 26 juin. La baronne Sayeeda Warsi, membre de la chambre des Lords et ancienne partisane du "leave" passée dans le camp du "remain", craint que les agressions verbales ne soient en augmentation. 

"J'ai passé le week-end avec des personnes qui travaillent sur les crimes raciaux, qui les recensent, a-t-elle dit à Sky News. Et elles ont reçu des témoignages très dérangeants de personnes disant avoir été arrêtées dans la rue et à qui l'on a dit : 'écoutez, nous avons voté pour la sortie [de l'UE], maintenant vous devez partir'."  

Selon le Cambridge Evening News (en anglais), une enquête est en cours afin de déterminer qui est responsable de la distribution des tracts anti-Polonais. A Londres, la police se penche sur des inscriptions similaires qui ont été taguées sur les portes d'un centre social et culturel polonais, dans le quartier d'Hammersmith, dans l'ouest de la capitale. 

Les internautes rapportent de nombreux incidents

Sur Facebook, un groupe qui recense des "signes inquiétants" de cette libération de la parole raciste reproduit des dizaines de tweets, échanges de textos et titres de journaux hostiles à plusieurs communautés, notamment les Polonais, les Roumains et les personnes de confession musulmane. Ces commentaires sont parfois adressés "à des gens et à des familles qui sont ici depuis trois, quatre ou cinq générations", relève la baronne Warsi. "L'ambiance dans la rue n'est pas bonne", poursuit-elle.

Rassemblés par The Independent (en anglais), les témoignages de personnes d'origine étrangère inquiètes, de victimes ou de témoins d'agressions verbales, voire physiques, se multiplient sur les réseaux sociaux, via le hashtag #PostRefRacism, "racisme post-référendum".  

Une altercation entre deux hommes à Londres, durant laquelle l'un dit à l'autre de "rentrer dans son pays" ; une fillette roumaine pointée du doigt par un message anonyme inscrit sur les murs d'une école ; des manifestants rassemblés aux abords d'une mosquée de Birmingham, prêts à en découdre…Les témoignages s'accumulent. Si certains faits sont dénoncés comme étant faux ou impossibles à vérifier, les internautes insistent sur la multiplication des incidents : "Nous voyons déjà une augmentation du harcèlement et des agressions racistes", assure ainsi le texte de présentation de la page Facebook PostRefRacism. "Le fait que nous ayons voté pour quitter l'Union européenne ne veut pas dire que nous avons démocratiquement accepté le harcèlement raciste, les agressions, les intimidations ou les discours de haine." 

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