La Géorgie et la Russie au bord de la guerre
Pas de trêve olympique aux abords de l'Ossétie du Sud. L'escalade militaire semble enclenchée après le lancement hier d'une offensive de l'armée géorgienne dans cette province séparatiste, soutenue par Moscou.
_ Ce matin, les forces russes seraient entrées dans la danse macabre qui se profile : “Trois Soukhoï-24 russes ont pénétré dans l'espace aérien géorgien vendredi. L'un d'eux a lâché deux bombes à proximité d'un poste de police à Kareli”, selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur géorgien. Les avions auraient attaqué la ville de Gori, ville natale de Staline, au sud de l'Ossétie.
Du coup, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili est intervenu à la télévision pour décréter la mobilisation générale, face à “une intervention militaire de grande envergure”. Et il appelle la Russie à “cesser de bombarder les villes pacifiques de Géorgie”.
Côté russe, les autorités ont dementi avoir mené des raids aériens. Mais les déclarations n'ont pas de quoi rassurer. Depuis Pékin, le premier ministre Vladimir Poutine annonce des “mesures de rétorsions” contre la Georgie : “Il est regrettable qu'à la veille de l'ouverture des jeux Olympiques les autorités géorgiennes aient entrepris des actes agressifs en Ossétie du Sud”, gronde-t-il. Et de rejeter la responsabilité d'un conflit sur Tbilissi : “Ils (les Géorgiens) ont de facto lancé les hostilités en
utilisant des chars et de l'artillerie”.
Sur le terrain, le président Saakachvili assure que l'armée a pris le contrôle de la majeure partie de la province séparatiste, après son offensive lancée hier. Les Ossètes affirment de leur côté tenir encore la capitale, Tskhinvali. Des combats auraient lieu dans les banlieues. Selon l'agence russe Interfax, des obus seraient tombés sur des positions des forces de maintient de la paix russes, déployées en ville.
La Géorgie a annoncé un cessez-le-feu de trois heures en début d'après-midi, afin d'évacuer les blessés de la zone des combats. Mais l'escalade semble se poursuivre : des chars russes et des “volontaires” se dirigeraient vers la province. Par ailleurs, le président géorgien Saakachvili annonce que deux avions de combat russes ont été abattus au dessus du territoire géorgien. Il confirme l'entrée de chars russes et de blindés russes en Ossétie du Sud, au nombre de 150, selon lui.
L'ONU semble avoir été pris de court par la dégradation brutale de la situation. Le conseil de sécurité a fait part de son “inquiétude”, mais n'a pas pu se mettre d'accord sur une déclaration demandant aux parties de renoncer à l'usage de la force. L'Otan, les Etats-Unis, le Conseil de l'Europe et l'Ukraine, partenaire pro-occidental de la Géorgie dans l'espace post-soviétique, ont appelé à un arrêt immédiat de combats. L'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a envoyé un médiateur sur place.
_ Tbilissi a lancé ce matin un appel à la France à l'Europe.
Grégoire Lecalot, avec agences
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