"La douleur que j'ai ressentie en voyant Aylan, j'ai voulu la transmettre"
Le monde n'est pas prêt d'oublier le choc de la photo du petit corps d'Aylan Kurdi, gisant visage dans le sable blanc de la plage de Bodrum, en Turquie. Cette photo, c'est une photographe turque qui l'a prise. Nilüfer Demir, qui travaille pour l’agence de presse DHA.
Précisons que Nilüfer Demir ne donne aucune interview aux médias étrangers, sauf à faire payer sa prestation. Elle ne s'est exprimée que sur la chaîne de télévision CNN-Türk, qui appartient au même groupe que son agence.
"Je venais régulièrement dans ce coin pour travailler sur le drame des clandestins. Leurs tentatives de traversée pour rejoindre la Grèce ", raconte la photographe. Ce matin là, elle suivait un groupe de Pakistanais "quand de loin, on a remarqué ces corps. En s'approchant, on s'est rendu compte que c'étaient des corps d'enfants. Et c'est d'abord le corps du petit Syrien, Aylan, trois ans qu'on a vu. Quand on a compris qu'il n'y avait plus rien d'autre à faire que d'appuyer sur le déclencheur et d'enregistrer l'image de ce corps sans vie, c'est ce que j'ai fait. je me suis dit que c'était le seul moyen de faire entendre au monde le cri de sa dépouille silencieuse ".
"Je me suis dit qu'en prenant les photos, c'était la seule manière d'alerter l'opinion publique turque et mondiale "
Puis les journalistes découvrent les corps de ses frères et constatent qu'aucun ne portait de brassière de sauvetage qui aurait pu les aider à flotter : "Je me suis dit qu'en prenant les photos, c'était la seule manière d'alerter l'opinion publique turque et mondiale. Je n'aurais jamais pensé au moment de prendre la photo que cette image aurait un tel retentissement. Parce que j'avais déjà dans mon appareil photo de nombreuses images de ces corps de clandestins et de leur drame. La douleur que j'ai ressenti en voyant Aylan, j'ai juste voulu la transmettre ".
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