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"La dissolution de Batasuna est un signe de bonne volonté"

Francetv info a interrogé Bixente Vrignon, journaliste à France Bleu Pays Basque, après l'annonce du bras politique des indépendantistes de l'ETA.

Article rédigé par Louis San - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Maite Goyenetxe (G) et Jean-Claude Aguerre, deux militants du parti indépendantiste basque Batasuna, annoncent la dissolution du mouvement, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 3 janvier 2012. (GAIZKA IROZ / AFP)

Le parti nationaliste basque Batasuna a annoncé sa dissolution, jeudi 3 janvier. En Espagne, il était interdit depuis 2003 car considéré comme le bras politique de l'ETA. Mais ce n'était pas le cas en France. Cette annonce intervient près de quinze mois après la décision du groupe séparatiste basque ETA de mettre fin à la violence. Pour mieux comprendre cette décision, francetv info a interrogé Bixente Vrignon, journaliste à France Bleu Pays Basque.

Francetv info : Cette dissolution est-elle une surprise ?

Bixente Vrignon : Pas du tout. C'est une conséquence logique de "l'arrêt définitif" de "l'activité armée" de l'ETA, annoncé en octobre 2011. C'est surtout un symbole important. Et dans ce genre d'histoire, la symbolique a une grande place. Le fait de dissoudre le parti montre l'envie de tourner la page, de passer à autre chose.

Même si concrètement, le parti ne servait plus à rien, ses membres auraient pu le garder en vie et simplement faire une cérémonie tous les ans pour dire que la lutte continuait sous ce nom. Mais non, ils ont choisi de le dissoudre. C'est un signe de bonne volonté.

Cette annonce a-t-elle un lien avec la libération de la militante basque française Aurore Martin ?

Sûrement. Dans ce genre de processus, il y a toute une diplomatie secrète. Tout ce qui se passe depuis plus d'un an, depuis le dépôt des armes de l'ETA, n'arrive pas par hasard. Il doit y avoir des négociations. Mais nous n'en saurons rien, ou peut-être dans dix ou quinze ans.

Par exemple, je sais juste qu'il devait y avoir une conférence de presse de Batasuna à la fin du mois de décembre, peu après libération d'Aurore Martin : cette conférence devait sûrement annoncer la dissolution du parti. Elle ne s'est pas tenue et j'ignore pourquoi. Mais ils étaient probablement prêts à faire cette annonce il y a déjà quelques jours.

Les deux militants qui ont tenu la conférence de presse de jeudi ont affirmé qu'ils continueraient la lutte par "la voie politique face aux Etats français et espagnol"…

Sur le terrain politique, ça marche fort pour les indépendantistes. Lors des dernières élections régionales, les nationalistes conservateurs ont gardé leur première place au Parlement régional. Ce scrutin a eu deux enseignements majeurs. D'une part, le vote indépendantiste n'a rien perdu de sa vigueur, au contraire. D'autre part, les citoyens soutiennent cette voie pacifiste qui est également défendue par 85% voire 90% des membres de Batasuna, selon un vote interne.

L'image des personnes qui mènent des listes indépendantistes est différente de celle des personnes reliées à Batasuna : elles sont issues de la société civile, leurs profils sont plus diversifiés. Cela parle à la population qui en a assez de la violence et de la lutte armée.

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