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Pourquoi la BCE abaisse son principal taux directeur

L'institution a fixé ce nouveau taux à 0,5%, un plancher historique. Pour quelles raisons et quelles conséquences ? Francetv info décrypte cette décision.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le sigle de l'euro devant l'immeuble de la Banque centrale européenne, à Francfort, en Allemagne, le 7 février 2013.  (DANIEL ROLAND / AFP)

En plein débat sur l'efficacité de l'austérité et les politiques économiques de l'Union européenne, la Banque centrale européenne (BCE) s'est résolue à abaisser son principal taux directeur, baromètre du coût du crédit en zone euro. Il est désormais fixé à 0,5%, un nouveau plus bas historique, a annoncé, jeudi 2 mai, un porte-parole de l'institution monétaire. Francetv info décrypte cette décision. 

Que signifie ce nouveau taux directeur ?

Ce nouvel assouplissement monétaire amène désormais le taux européen non loin du niveau, quasi nul, du taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) depuis 2008, fixé à 0,25%. La dernière baisse du taux européen remonte à juillet, la BCE l'ayant porté à ce moment-là à 0,75%. Le taux des dépôts au jour le jour, auquel les banques privées peuvent placer de l'argent pour 24 heures auprès de la BCE, a été maintenu à 0,5%. Le taux de prêt marginal au jour le jour, auquel les banques peuvent emprunter pour la même durée, a été abaissé à 1%.

Comme l'explique La Tribune.fr, cette baisse vise à inciter les banques de la zone euro "à se fournir en liquidités auprès de la BCE. Avec, au final, l'objectif qu'elles prêtent plus à l'économie"En fixant les taux d'intérêt directeurs, les banques centrales agissent en effet sur le coût du crédit : plus le taux est bas, moins l'argent est "cher", et donc plus l'investissement, et la croissance, sont favorisés. 

Pour quelles raisons la BCE a-t-elle pris cette décision ? 

Le choix de la BCE était attendu par les analystes et espéré par les marchés dans un contexte de marasme économique persistant en zone euro. Il intervient en pleine détérioration des indicateurs de confiance comme d'activité. Ainsi, l'activité privée s'est à nouveau contractée en avril en zone euro. Et le chômage a atteint un nouveau record en mars, à 12,1%.

Face à ces éléments, qui éloignent la perspective d'une reprise économique au printemps, et au fait que l'inflation est tombée à son plus bas niveau depuis trois ans en avril (1,2%), les appels se sont multipliés pour réclamer à la BCE de relâcher sa politique monétaire. Des appels qui alimentent le débat sur le bien-fondé des politiques d'austérité pour redresser les finances publiques. Selon le président de la BCE, Mario Draghi, la faiblesse prolongée de l'activité économique et l'inflation contenue l'ont convaincu de réduire les taux d'intérêt. La décision a fait l'objet d'un "fort consensus" au sein du conseil des gouverneurs. 

Une baisse pour quels résultats ? 

Si cette décision était attendue, nombre d'économistes estiment qu'un nouveau relâchement des taux n'aura que peu ou pas d'effet sur la situation économique. Selon eux, il faudrait que la BCE résolve son problème de transmission de sa politique monétaire. En effet, les banques à qui elle prête peinent à prêter aux ménages et aux entreprises, en particulier aux petites et moyennes entreprises, dans les pays les plus en difficulté. Ou alors à des taux rédhibitoires.

Au-delà de la baisse des taux, la BCE pourrait donc envisager d'autres mesures, tels des achats de titres de dette d'entreprise ou un plan d'aide en faveur des PME, avec la Banque européenne d'investissement aux commandes. Problème : ces mesures risquent de susciter l'opposition de la Bundesbank, la banque centrale allemande. Ce qui fait dire à La Tribune.fr que la décision de la BCE est davantage "politique que financière".

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