L'Italie se dirige vers une impasse politique
Signe que les scores sont serrés entre les différents candidats, il aura fallu plus de dix heures au ministère de l'Intérieur italien pour communiquer des chiffres officiels sur ces élections italiennes. Et sur les 99,9% des voix exprimées, la coalition de gauche prend un léger avantage. Elle remporte 29,55% des voix contre 29,18% à la coalition de droite de Silvio Berlusconi. Ceci dit, la loi électorale permet d'assurer au vainqueur un certain nombre de siège (voire notre infographie plus bas). Quant au Sénat, rien n'est assuré d'un côté ni de l'autre. Et Beppe Grillo s'annonce comme l'arbitre de cette élection.
La vague Beppe Grillo
Le blogueur et ancien humoriste a remporté un beau succès lors de ces élections. Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles obtiendrait entre 24 et 25% des voix à la Chambre des députés et au Sénat. Malgré les soupçons de populisme distillés par ses adversaires, sa formation devient la deuxième force politique du pays. "Nous serons une force extraordinaire. Nous ferons tout ce que l'on a dit : le revenu de citoyenneté (revenu minimum) et nous ne laisserons personne derrière ", a-t-il dit sur son blog.
Voir notre portrait de ce trublion de la politique italienne
La claque reçue par Mario Monti
Si le succès de Beppe Grillo ressemble à un vote de protestation, c'est Mario Monti qui en fait les frais. Le président du Conseil sortant et son alliance centriste n'arriverait qu'en quatrième position avec seulement 9 à 10% des voix. Une première pour un chef de gouvernement italien, comme l'explique notre envoyée spéciale Mathilde Lemaire sur Twitter .
Une claque pour Mario Monti Jamais aucun pdt du conseil sortant n'avait fait un si petit score Il paye sa cure d'austérité #elezione2013
— Mathilde Lemaire (@MathildeL75) February 25, 2013
"Il faut s'assurer d'un gouvernement pour le pays ", a réagit le dirigeant centriste.
Pas de majorité claire pour un gouvernement
Car c'est toute la question : qui va mener le prochain gouvernement italien ? D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, la gauche de Pier Luigi Bersani est en tête de ces élections... pour la chambre basse. Grâce à la loi électorale italienne - et malgré le faible écart dans les votes avec la coalition de droite - la gauche dispose de 340 sièges de députés sur 630. Mais ce relatif succès masque une défaite pour la gauche, donnée largement en tête depuis plusieurs mois.
C'est au Sénat que l'impasse se fait le plus sentir. Car ni la gauche, ni le centre droit de Berlusconi ne dispose de la majorité absolue. Selon les premiers chiffres du ministère de l'Intérieur, la gauche remporte 97 sièges avec 31,63% des voix contre 110 à la droite même si celle-ci n'obtient que 30,71% des voix.
Quels scénarios ?
Depuis le début des estimations, plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer "une situation ingérable, un pays ingouvernable ", comme le dit Mario Secchi, l'un des candidats de la coalition Monti. Le pays est "dans une situation très délicate ", a déclaré Pier Luigi Bersani dans la soirée. Pour l'économiste de centre-gauche Stefano Fassina avance même l'idée d'un nouveau scrutin : "Il ne pourra pas y avoir de gouvernement stable et nous devrons revoter ". Une idée rejetée par le Parti démocrate.
Si les prévisions restent en l'état, la seule solution serait de former une vaste coalition entre la droite et la gauche, comme celle menée par Mario Monti pendant ces douze derniers mois. Mais à droite comme à gauche, on refuse d'en entendre parler pour le moment.
Le chef de l'Etat Giorgio Napolitano va désormais recevoir les propositions de chaque parti pour former une coalition. S'il fait le constat d'un échec, il pourrait rappeler les électeurs italiens aux urnes d'ici trois mois.
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