L'Europe veut choisir ses immigrés
Le constat est simple. Aujourd'hui, la moitié des immigrés originaires des pays du Maghreb et titulaires d'un diplôme universitaire résident au Canada et aux Etats-Unis. L'Union européenne, elle, accueille 85% de ceux qui n'ont pas fait d'études supérieures. “Si l'on regarde les chiffres, l'attractivité de l'Europe est très limitée” commente Franco Frattini, le commissaire chargé de l'immigration. Qui aimerait bien inverser la tendance.
Car l'Europe vieillit. Elle “aura de plus en plus besoin de main-d'oeuvre qualifiée”. D'où cette idée de “carte bleue”, sur le modèle de la “green card” américaine.
La carte bleue sera en fait un permis de séjour et de travail de deux ans renouvelable,
délivré sous les mêmes conditions dans chacun des 27 pays. Et les conditions pour l'obtenir seront draconiennes : au moins trois ans d'expérience professionnelle, une offre d'emploi qui n'a pu être pourvue par un travailleur communautaire, et un salaire au moins supérieur à trois fois à celui du salaire minimum du pays.
Après coup, l'heureux titulaire de cette carte pourra faire venir sa famille, selon une
procédure accélérée. Et simplifiée. Pas question, comme en France, de tests ADN...
_ Au bout de deux ans, l'immigrant aura le droit d'aller dans un autre pays européen, à condition bien sûr d'avoir une offre d'emploi. Il pourra cumuler ces périodes pour obtenir un statut de résident de longue durée.
Attirer les cerveaux en Europe, l'idée n'est pas nouvelle. Mais les législations sont aujourd'hui très hétérogènes. La France avait bien proposé, pendant l'été 2006, une carte "compétences et talents" de trois ans pour attirer artistes ou chercheurs ; un an après, la carte n'est toujours pas disponible.
Alors, créer une carte bleue unique en Europe, l'idée a de quoi séduire. Sauf que les 27 de l'Union auront sans doute du mal à se mettre d'accord. Car la directive européenne doit être adoptée à l'unanimité.
_ “Nous n'avons pas besoin de cette carte bleue” dit déjà le chancelier autrichien. Et Alfred Gusenbauer de poursuivre : “je ne veux pas que notre politique du marché du travail soit sapée par des réglementations européennes”
Pour éviter une dernière critique, celle de dépeupler l'Afrique, le texte de la directive précise que les “Etats membres doivent s'abstenir d'un recrutement actif dans les pays en développement dans les secteurs qui manquent de ressources”, comme le secteur médical.
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