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L'Europe et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
C’est une première. Le Parlement européen vient d’accueillir à Strasbourg la 27ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP/UE. Une rencontre entre députés européens et parlementaires issus de 78 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Un aspect très peu connu de la vie européenne et de l’action du Parlement européen. Et pourtant cette coopération ne date pas d’hier.
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Dès le départ, lors de la signature du traité de Rome, les pays fondateurs ont pensé à mettre en place une forme d’association avec celles qui étaient encore en 1957 leurs colonies. Trois pays étaient spécialement concernés, la France bien entendu, mais aussi la Belgique et les Pays-Bas. Et la politique qui s’élabore alors sera fondée sur un volet commercial et un volet d’aide au développement. On garantira par exemple des mécanismes de stabilité des prix pour certaines matières premières.
Yaoundé puis Lomé
Au début des années 60, c’est la décolonisation. Et c’est dans une capitale africaine, Yaoundé, capitale du Cameroun que seront signées les premières conventions avec les pays africains et malgaches en 1963 puis 1967. Avec l’arrivée de la Grande-Bretagne au sein des Communautés européennes, cette association prend une dimension mondiale avec de nouveaux pays situés dans le Pacifique ou les Caraïbes. Et de Yaoundé, on passera pour les traités suivants à Lomé, la capitale togolaise. Plusieurs accords y seront signés avec de plus en plus d’aide au développement et de moins en moins d’accords commerciaux préférentiels. L’expression ACP sera entériné en 1975 à Georgetown en Guynana, l’ancienne Guyane britannique
Le virage de Cotonou
En 2000 après de longues négociations, tout ou presque est remis à plat.désormais ce relationnel entre l’Europe et ces pays qui comptent parmis les plus pauvres de la planète s’organisera autour de 3 axes,3 piliers. Bien sûr l’aide au développement, la coopération économique et commerciale mais aussi et surtout un volet politique. Il s’agit d’intégrer ces pays dans l’économie mondiale en passant aussi par la case démocratie. Avec y compris au fil des révisionsd e cet accord la possibilité de sanctions voire de suspensions pour les pays peu en clins à améliorer la situation sur le plan de l’état de droit ou des droits de l’homme. Et c’est Cotonou qui accouchera également de cette Assemblée parlementaire unique au monde. 78 représentants de ces pays qui deux fois par an rencontrent 78 eurodéputés. Actuellement cette assemblée est coprésidée par un jamaïcain Fitz A. Jackson et par le belge Louis Michel.
Des relations pas toujours évidentes
Il suffit d’examiner l’ordre du jour de cette réunion strasbourgeoise pour se rendre compte du caractère pointu de certains dossiers. La réorganisation de la République centrafricaine, les lois homophobes en Ouganda, la lutte contre le HIV/SIDA, mais aussi l’exploitation des mines pétrolifères et des minerais dans les océans et la nécessaire coopération concernant les migrations. Autant de sujets à manier avec précaution et qui remettent en cause aussi bien l’attitude de certaines grosses industries pharmaceutiques ou minières, que l’action européenne dans un pays en guerre civile ou bien encore les prises de position de certains gouvernements africains en matière de droits de l’homme. Compréhension, contacts, réflexions en commun, Alors même que l’Europe elle-même n’affiche pas une santé resplendissante, cette Assemblée a-t-elle un avenir ?
Michèle Striffler, députée au Parlement européen où elle travaille beaucoup sur l’aide humanitaire et déléguée à l’Assemblée ACP/UE y croit fermement.
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