L'Europe a proposé mardi une aide de plus de 150 millions d'euros pour indemniser les producteurs de légumes européens
Les ministres européens de l'Agriculture se sont réunis mardi au Luxembourg pour examiner la situation des agriculteurs, les ventes de fruits et légumes ayant chuté à cause de la crise causée par l'épidémie de la bactérie Eceh.
Les premiers tests sur des graines germées, soupçonnées de véhiculer cette bactérie rare Eceh, sont négatifs.
"Pour le moment, la source n'a pas pu être déterminée. Sur les 40 échantillons prélevés, 23 analyses ont donné des résultats négatifs", a annoncé mardi le ministère de l'Agriculture de Basse-Saxe.
Des légumes avaient été désignés comme les vecteurs de la contamination par une forme de l'Escherichia coli entérohémorragique, qui a fait 25 morts en Europe.
La ministre allemande de l'Agriculture Ilse Aigner a annoncé lundi que la consommation de graines germées, de tomates, de salades et de concombres était toujours déconseillée.
Les analyses se sont poursuivies sur 17 autres échantillons prélevés dans une exploitation biologique produisant des graines germées à Bienenbüttel, un petit village à 80 km au sud de Hambourg, a ajouté le ministère. Les experts ont examiné la marchandise mais aussi l'eau, le système d'aération ou les étals de l'exploitation, à la recherche de la bactérie E.coli entérohémorragique (Eceh). On ne peut pas s'attendre à "une fin rapide de la recherche de la source ou à une explication de la contamination", a reconnu lundi le ministère lors d'un point presse.
Ces graines germées ont été vendues par une entreprise de Jardinage du nord de l'Allemagne. Selon le ministre, l'entreprise emploie différentes sortes de graines germées, essentiellement pour les salades, venues d'Allemagne, mais travaille aussi avec d'autres pays européens et l'Extrême-Orient.
Le ministre allemand de la Santé Daniel Bahr a toutefois mis en garde contre toute conclusion hâtive sur les graines germées comme possible vecteur de la bactérie mortelle Eceh.
Les ministres européens de l'Agriculture évoquent une aide de 150 millions d'euros
Une réunion extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture a eu lieu mardi à Luxembourg. Le commissaire européen à l'Agriculture Dacian Ciolos a proposé une aide de plus de 150 millions d'euros pour soutenir les producteurs de légumes européens. "On va proposer un montant de 150 millions d'euros" d'aides financières pour couvrir les pertes des agriculteurs, a-t-il déclaré, précisant que c'était une estimation de départ, susceptible d'augmenter en fonction des estimations de pertes par les pays concernés.
L'aide viendrait s'ajouter à des mesures de flexibilité en faveur des organisations de producteurs (35% de la profession en Europe), aujourd'hui seules autorisées à rembourser les invendus. L'UE pourrait décider une hausse des plafonds d'indemnisation des invendus, actuellement limités à 5% de la valeur annuelle de production.
Les 150 millions d'euros proposés mardi seraient ouverts au contraire à tous les producteurs. Ils seraient indemnisés à hauteur de 30% du prix de référence de juin de ces dernières années des légumes les plus touchés - concombres, tomates et salades -, a précisé Dacian Ciolos.
Le fait que les fonds supplémentaires sont tirés du budget européen devrait satisfaire les pays qui, comme la France, refusent de débourser un centime pour indemniser cette crise partie d'Allemagne. Mais ils ont été jugés insuffisants par l'Espagne, premier exportateur de fruits et légumes en Europe, qui a vu ses ventes s'effondrer depuis que ses concombres ont été mis en cause - à tort- par les autorités allemandes.
Lundi, la Commission européenne s'est dit prête à réfléchir à une réforme de son mécanisme d'alerte alimentaire, mis en cause par l'Espagne notamment pour avoir été déclenché prématurément suite à l'épidémie de la bactérie tueuse. "Le mécanisme doit être déclenché dès lors qu'il y a des preuves scientifiques qui motivent son déclenchement et nous allons voir comment assurer pour l'avenir le bon timing de l'alerte", a reconnu le commissaire à la Santé John Dalli.
Origine de la contagion: d'autres pistes évoquées
Plusieurs pistes ont été évoquées ce week-end par la presse allemande comme origine de la contamination, dont celle d'un restaurant de Lübeck, dans le Schleswig-Holstein (Etat régional du Nord) dont 17 clients sont tombés malades.
La nourriture et surtout les légumes ont été rapidement soupçonnés par les scientifiques et les autorités sanitaires d'être le vecteur de la maladie, et plus particulièrement des concombres en provenance d'Espagne, qui ont été finalement mis hors de cause. Et le laboratoire européen de référence pour l'Escherichia coli, à Rome, avait affirmé cette semaine que les analyses ne permettaient pas de mettre les légumes en cause.
Dimanche, plusieurs scientifiques ont émis l'hypothèse que la bactérie pouvait provenir des centres de production de biogaz, nombreux dans un pays qui privilégie le recyclage de ses déchets organiques. Le biogaz est produit par la fermentation de matières organiques animales ou végétales.
25 morts en Europe
On recense 25 morts en Europe, dont 24 en Allemagne et un en Suède, selon un bilan publié mardi. Au total, dans les pays membres de l'Union européenne, 1.605 cas de contamination par la bactérie sont désormais recensés et 658 autres présentent le syndrome hémolytique et urémique (SHU), a précisé le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies à Stockholm.
L'épidémie est due à la bactérie Escherichia coli (E.coli) entéro-hémorragique (Eceh) d'un type très rare (E.coli O104 : H4), productrice de toxines s'attaquant aux petits vaisseaux.
Sa complication la plus grave est le syndrome hémolytique urémique (SHU). Le traitement conventionnel consiste à suppléer les déficiences occasionnées par la toxine (chute des globules rouges, des plaquettes, atteinte rénale) par des transfusions, la dialyse, voire un changement de plasma.
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