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L'Espagne devra livrer des chiffres à Bruxelles pour justifier la demande de permis de travail pour les Roumains

Vendredi, le gouvernement espagnol a décidé de rétablir l'obligation pour les citoyens roumains de demander un permis de travail s'ils veulent exercer en Espagne, justifiant sa décision par le chômage élevé, de 21,29%, un record dans les pays industrialisés.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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La main d'oeuvre roumaine est très prisée dans le milieu agricole. (AFP-ABDELHAK SENNA)

Vendredi, le gouvernement espagnol a décidé de rétablir l'obligation pour les citoyens roumains de demander un permis de travail s'ils veulent exercer en Espagne, justifiant sa décision par le chômage élevé, de 21,29%, un record dans les pays industrialisés.

La mesure, de caractère temporaire, n'affectera pas les Roumains qui font déjà partie du marché du travail espagnol, avait précisé le ministère du Travail. Elle prévoit que les citoyens roumains qui veulent venir travailler en Espagne pour le compte d'une entreprise devront demander une autorisation préalable, fondée sur l'existence d'un contrat de travail.

La Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l'UE en 2007. Leurs traités d'accession autorisent les autres Etats à maintenir des restrictions à l'accès de leurs citoyens au marché de l'emploi jusqu'à la fin 2013. Mais l'Espagne avait levé toutes ces restrictions dès janvier 2009.

La liberté de circulation pour les citoyens d"un pays ayant récemment rejoint l"Union européenne peut être restreinte qu"à certaines conditions, a souligné Chantal Hughes, une porte-parole de l"exécutif européen.

Des statistiques divergentes

"Avant tout, il faut que le gouvernement espagnol prouve et démontre qu'il y a un risque de distorsion ou d'impact majeur sur le marché du travail, donc il faut qu'il y ait des chiffres qui soutiennent cela", a-t-elle déclaré lors d'un point presse régulier.

La décision espagnole est inédite, a-t-elle précisé. "C'est la première fois que nous recevons une telle demande".

Le gouvernement espagnol devra utiliser d'autres statistiques que les chiffres de l'office européen Eurostat pour appuyer sa demande. Dans ces statistiques, "Si vous regardez l'Espagne, vous verrez que le nombre de travailleurs qui viennent de Roumanie et de Bulgarie a beaucoup baissé dans les dernières années", a relevé Chantal Hughes.

Comme l"affirme Chantal Hugues, les statistiques d"Eurostat ne correspondent pas aux statistiques espagnoles. D"après une étude ibérique de l'Institut national de statistiques datant de 2010, la Roumanie est le quatrième pays le plus représenté parmi les immigrants réguliers et irréguliers derrière la Colombie. En 2007, date de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, la population a augmenté d'environ 92%. Entre 1998 et 2008 cette population est passée de 637.000 personnes à 5.220.577.

Le marché des fraises

La main d"œuvre roumaine est très prisée dans le milieu agricole notamment à Huelva, ville située à l"extrême sud-ouest de l"Espagne célèbre pour ses fraises. Les Roumaines sont donc recrutées en tant que saisonnières pour réaliser une tâche très ingrate et exigeante : la récolte de fraises.

D"après une enquête du journal espagnol, El Pais, ces femmes peuvent être exploitées, même sexuellement. 44, 3% des migrants Roumains sont des femmes. Phénomène également constaté par l"association Women"s Link Worldwide , qui estime qu"en Almeria, en Andalousie, il est plus difficile de voir si les Roumaines sont exploités dans les serres de fraises ou dans des bordels qui ont poussé comme des champignons avec l"essor de l"agriculture intensive dans le sud de l"Espagne. Si elles n'ont pas de papiers, elles se font plus discrètes et il est difficile de savoir dans quelles conditions elles travaillent.

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