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L'électricité venant d'Ukraine coupée, la Crimée dans la pénombre

Une péninsule plongée dans le noir pendant deux jours. Déjà responsables d'un blocus alimentaire empêchant la livraison des produits venus d'Ukraine, les Tatars de Crimée ont-ils mis leur menace à exécution? L'extrême droite ukrainienne, qui les avait soutenus, semble être passée à l'acte. L'état d'urgence a même été décrété.
Article rédigé par Miriam Palisson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Faire ses courses à la bougie à Simferopol, en Crimée... le 22 novembre 2015. (Reuters/ Pavel Rebrov)

La péninsule de Crimée, désormais russe, a passé deux jours dans le noir. Après une coupure totale de l'électricité fournie par l'Ukraine (soit la moitié de sa consommation), l'état d'urgence a été décrété le 22 novembre 2015 par les autorités. Deux lignes à haute tension ont été détruites et 1,9 million d'habitants privés d'électricité. La Russie accuse l'Ukraine. «Un véritable acte de terrorisme», a dit un député russe (pro-Kremlin).

Les nationalistes ukrainiens de Pravy Sektor sont soupçonnés d'avoir détruit deux des quatre pylônes alimentant la péninsule en électricité et endomagé les deux autres. Selon les médias russes, plusieurs d'entre eux auraient provoqué des échauffourées avec la police dès le vendredi 20 dans la région de Kherson, en Ukraine. 

Les Tatars de Crimée étaient très actifs dans cette région en septembre, lors de l'instauration de leur blocus alimentaire, et menaçaient d'aller plus loin en coupant l'électricité : la péninsule n'en produit qu'une petite part, le reste venant d'Ukraine. Des membres de cette communauté musulmane, opposée à l'annexion par la Russie, ont manifesté l'avant-dernier week-end de novembre au pied des pylônes. Interrogé sur son implication dans ce sabotage, son principal représentant, Refat Tchoubarov, a refusé de répondre

Pas plus que de bloquer les trois routes venant du continent, saboter les quatre pylônes à haute tension n'aura été très compliqué. Deux auraient été détruits à l'explosif le vendredi, et les deux autres endommagés le samedi. Ils sont en cours de réparation. La compagnie ukrainienne d'électricité Ukrenergo a tweeté des photos. 


Ukrenergo avait prévu une journée pour rétablir la première ligne à haute tension, mais averti qu'il faudrait plusieurs jours pour remettre en service les trois autres. Des générateurs ont donc été mis en marche, comme l'a indiqué le ministère des Situations d’urgence. De quoi alimenter en partie les villes de Yalta, Simferopol, Saki. Les hôpitaux, notamment, ont été eux aussi alimentés par générateurs, mais selon certains médias, cette coupure a eu des conséquences pour les patients gravement malades (lien en russe). Le 23 novembre a été décrété férié par les autorités de Crimée, sauf pour les fonctionnaires. 

Parmi les réactions, celle de l'Allemagne, qui a qualifié de «criminelle» cette coupure d'électricité.


Le journaliste de l'opposition russe Oleg Kachine a pointé l'indifférence du président Poutine, qui ne prend pas la peine de s'adresser aux habitants de Crimée subissant ce blocus. Il fait remarquer que Maria Zakharaova, la porte-parole des Affaires étrangères que l'on voit partout, «ne dessine pas le signe "Peace and Love" pour eux»



Heureusement, la Crimée bénéficie d'un climat méditerranéen, et les températures étaient clémentes. Ses habitants ont fait appel au système D et gardé leur humour.

La situation donne en tout cas des idées à Twitter. «Le Clairon fêlé» tweete une photo de vaches aux yeux phosphorescents, réquisitionnées pour assurer l'éclairage des routes :


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