Joachim Gauck, un pasteur de 72 ans pour présider l'Allemagne
Fonction essentiellement honorifique en Allemagne, la présidence de l'Etat fédéral a été attribuée hier à Joachim Gauck, ancien militant des droits de l'Homme en RDA, après la démission vendredi de l'ancien président.
Fonction essentiellement honorifique en Allemagne, la présidence de l'Etat fédéral a été attribuée dimanche 19 février à Joachim Gauck, ancien militant des droits de l'Homme en RDA. La chancelière Angela Merkel, qui lui avait préféré Christian Wulff il y a deux ans, s'est ralliée à la candidature de ce pasteur de 72 ans après la démission de son poulain, empêtré dans diverses affaires où il est soupçonné d'avoir profité de faveurs indues. Le futur président sera élu d'ici le 18 mars par les 1 240 grands électeurs de l'Assemblée fédérale.
En Allemagne, Joachim Gauck incarne une autorité morale qui compte. Marié, père de quatre enfants, il a été l'un des nombreux membres du clergé protestant à se dresser contre l'ancien régime communiste est-allemand, ouvrant la voie à la chute du mur de Berlin et à la réunification en 1990. Par la suite, il a été commissaire chargé de superviser les archives de la Stasi, gagnant la reconnaissance du pays pour son travail de mise au jour des crimes de l'ancienne police secrète de RDA.
Auteur de nombreux ouvrages, il poursuit encore aujourd'hui, depuis son départ à la retraite en 2000, son combat pour les droits de l'Homme. Son nouveau livre, Liberté, un plaidoyer, sort lundi en librairie.
Un père déporté en Sibérie
Joachim Gauck a toujours fait preuve d'indépendance. Né en 1940 à Rostock, dans le nord-est de l'Allemagne, il aime à dire qu'il s'est rendu compte de l'injustice de l'Etat socialiste alors qu'il n'avait que neuf ans. Deux ans plus tard, son père a été arrêté par les autorités communistes et déporté au goulag, en Sibérie.
Le jeune Joachim souhaitait devenir journaliste, mais ses perspectives de carrière dans ce domaine furent compromises car il refusait d'adhérer aux associations de jeunesses communistes. Il s'est alors lancé dans des études de théologie.
En 1965, Joachim Gauck devient pasteur et se sert de cette tribune pour prêcher en faveur des droits de l'Homme. Il est l'un des fondateurs du Nouveau Forum, un mouvement de défense des droits civiques créé en 1989, dans les mois qui conduiront à l'effondrement de l'ancienne République démocratique allemande.
"Le Nelson Mandela allemand"
Il y a deux ans, et en dépit de l'opposition de Merkel, celui que certains ont comparé à Nelson Mandela avait déjà les faveurs de l'opinion publique. Le quotidien à grand tirage Bild avait publié sa photo en première page en titrant : "Yes We Gauck", clin d'oeil au slogan "Yes We Can" de Barack Obama.
D'une vingtaine d'années plus âgé que Christian Wulff, Joachim Gauck se décrit lui-même avec ironie comme "un conservateur libéral penchant à gauche". Ses partisans jugent que son attitude au-dessus des partis en fait le candidat idéal au poste de président, une fonction essentiellement honorifique mais qui incarne une forme d'autorité et de conscience morales.
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