Italie : le <i>"droit de mourir"</i> pour Eluana ?
La Cour de cassation a rejeté jeudi comme irrecevable un recours déposé par le parquet de Milan contre l'autorisation accordée le 9 juillet par la cour d'appel de cesser l'alimentation et l'hydratation artificielles d'Eluana Englaro. Victime d'un accident de la route, Eluana (37 ans) est actuellement prise en charge par des religieuses dans une clinique proche de Milan, qui s'opposent à ce que l'arrêt de l'alimentation ait lieu dans leur établissement. La région de Milan, présidée par Roberto Formigoni (catholique et de droite) a refusé d'indiquer à la famille d'Eluana un établissement acceptant d'appliquer la décision de justice, la contraignant à chercher une clinique dans une autre région d'Italie.
L'avocat du père d'Eluana, Vittorio Angiolini, a cependant menacé la région de Milan d'un recours devant le tribunal administratif. La région fait valoir qu'elle n'est "pas citée expressément dans la décision de justice" qui autorise l'interruption, "elle soutient en outre que de nombreux médecins peuvent arguer de l'objection de conscience", a-t-il expliqué dimanche au quotidien La Stampa. Le père de la jeune femme demande depuis des années que sa fille cesse d'être maintenue en vie artificiellement, assurant, témoignages à l'appui, qu'elle ne l'aurait pas voulu.
"La décision de la Cour doit être respectée"
La présidente de la région de Turin, Mercedes Bresso, s'est dite prête dimanche à accueillir Eluana dans sa région. "Personne ne me l'a demandé. Mais si cela devait se produire, je dis seulement que la décision (de la Cour, ndlr) doit être respectée", a déclaré la présidente de cette région du nord de l'Italie, membre du Parti Démocrate (gauche). Elle a toutefois ajouté qu'il faudrait "trouver une structure adéquate et un médecin disponible".
Pour l'Eglise catholique, l'alimentation et l'hydratation artificielles ne sont pas de l'acharnement thérapeutique, leur interruption étant au contraire assimilée à un assassinat. "Il n'existe pas de droit de mourir, la vie est sacrée", a déclaré le président du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, dans un entretien au quotidien La Stampa. "Arrêter de donner à manger et à boire à Eluana revient à commettre un meurtre, cela signifie la laisser mourir de faim et de soif, la condamner à une fin monstrueuse", a poursuivi le cardinal Barragan.
Caroline Caldier avec agences
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