Cet article date de plus de treize ans.

Italie : Eluana est morte, en plein débat sur le droit de mourir

Le Sénat italien n'aura même pas eu le temps d'examiner ce projet de loi si polémique, visant à interdire la suspension de l'alimentation forcée des personnes dans le coma... Eluana, cette jeune femme plongée depuis 17 ans dans un état végétatif, est morte ce soir.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Le cas d'Eluana a ému et déchiré toute l'Italie. Près d'un millier de fidèles catholiques ont participé hier à une veillée de prières et une messe à Udine pour qu'on continue à la nourrir. Des laïcs et des partisans du droit de mourir ont manifesté ou ont prévu de manifester à Florence en signe de solidarité avec la famille d'Eluana.

Celle-ci avait obtenu de la justice l'autorisation de la laisser mourir. Les médecins ont cessé vendredi dernier de l'alimenter et de l'hydrater pour ne plus lui administrer que des sédatifs destinés à lui épargner des souffrances. Avant son accident, Eluana avait fait savoir à plusieurs reprises à sa famille et à ses amis qu'elle ne voulait pas vivre dans le coma et c'est pour respecter cette volonté que son père a mené la lutte judiciaire afin de lui permettre de mourir.

Ce soir, la jeune femme est morte. En plein débat au Sénat, ou presque.

En filigrane, une crise politique

L'opposition de gauche accuse le gouvernement d'utiliser ce cas qui émeut les Italiens pour tenter de remettre en cause l'indépendance de la Justice soutenue par la Présidence de la République. Silvio Berlusconi est en conflit ouvert avec le président de la République, Giorgio Napolitano, qui avait refusé vendredi de signer un décret-loi adopté par le gouvernement interdisant l'arrêt de l'alimentation aux personnes dans un état végétatif.

Silvio Berlusconi, président du Conseil, a tenté par un décret d'obliger les médecins à alimenter et hydrater la patiente mais le président Giorgio Napolitano a refusé de valider son texte, le jugeant contraire à la constitution parce qu'annulant une décision des plus hauts magistrats du pays. Cette crise politique se double d'un débat sur l'opportunité pour le Vatican de se ranger aussi ouvertement aux côtés de Silvio Berlusconi.

Le chef du gouvernement de centre droit s'efforce désormais de faire voter une loi au parlement, où sa coalition est largement majoritaire, qui interdirait de cesser d'alimenter des patients qui ne peuvent plus se nourrir eux-mêmes. Le Sénat devrait l'adopter aujourd’hui. Le texte sera ensuite renvoyé devant la Chambre des députés, dont le vote n'est pas attendu avant mercredi.

Caroline Caldier avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.